« Pour 2 classes sur 3, il reste la moitié du programme à traiter sur le seul 3ème trimestre ! » Une enquête représentative de l’Apses, l’association des professeurs de SES, montre que début mars la grande majorité des enseignants n’a pu traiter que la moitié du programme de terminale. Son augmentation, après le report des épreuves de spécialité en juin, semble catastrophique. L’Apses demande des allègements immédiats et un réaménagement du programme pour le bac 2025.
Traiter le programme, mission impossible
L’enquête de l’Apses a pu toucher 1027 professeurs de SES, soit environ un enseignant sur cinq. Cela lui donne une réelle représentativité même si la majorité de ces professeurs sont des adhérents de l’Apses.
Elle montre que, début mars, 64% des enseignants n’ont traité entièrement que 6 chapitres ou moins dans un programme qui en compte 12. Alors qu’il ne reste qu’un trimestre de cours, les deux tiers des élèves ont encore au moins la moitié du programme de terminale à acquérir. Ce qui semble bien difficile.
Une course qui impacte l’enseignement
Les professeurs de SES ont pourtant modifié leur enseignement pour tenir compte de l’augmentation du programme à couvrir pour le bac. 84% ont modifié leur façon de faire cours pour tenir compte des contraintes en diminuant le temps accordé à l’analyse de documents. La moitié des enseignants a renvoyé l’étude de certains points de cours à la maison. Un peu moins de la moitié a traité des chapitres à travers des polycopiés distribués aux élèves.
« L’allègement du programme d’examen continue d’être une urgence puisque la course au programme à laquelle s’épuisent les enseignant.es et les élèves a des conséquences négatives sur les apprentissages et les pratiques pédagogiques« , relève l’Apses. « Face au rythme d’avancement dans le programme, la moitié des collègues (50%) dit avoir déjà renoncé à des séances de remédiation avec les élèves après les évaluations afin d’avancer dans les programmes. Ce rythme d’avancement, imposé par la lourdeur du programme, réduit les possibilités pour les élèves de travailler et de comprendre les difficultés rencontrées dans les précédentes évaluations. Cette évolution est particulièrement dommageable pour les élèves les plus en difficulté« . La préparation au Grand Oral est sacrifiée. Les professeurs de SES déclarent y avoir consacré en moyenne une seule heure depuis le début de l’année.
Des solutions proposées par l’Apses
En février, devant la commission de l’éducation de l’Assemblée, Amélie Oudéa-Castéra semblait consciente du problème posé par le passage de 8 à 12 du nombre de chapitres à traiter. Elle avait reconnue qu’il est « difficile d’absorber la totalité du programme » et promis qu’une « réflexion sera engagée sur les contours de ce programme pour cette discipline« . Mais depuis son départ, l’Apses ne voit rien venir.
Pour l’Apses il est encore possible de sortir les SES de l’ornière. « Les 8 chapitres initialement prévus à la rentrée 2023 ont été majoritairement abordés« , relève l’association. La majorité des enseignants a traité 6 des 8 chapitres et un gros tiers traite les deux suivants.
C’est donc pour le retour aux 8 chapitres prévus avant le report des épreuves en juin que plaide l’Apses. « L’appel de l’APSES à prioriser les 8 chapitres initialement prévus à la rentrée 2023 a été massivement suivi, et les classes qui ont traité des chapitres en dehors de cette liste auront la possibilité de finir le programme dans de meilleures conditions que celles promises actuellement« , écrit l’Apses. L’association demande que les élèves soient évalués au bac 2024 uniquement sur les 8 chapitres initialement prévus. Elle veut aussi la réunion d’un groupe de travail pour préparer « des programmes repensés et aménagés » pour le bac 2025. Seulement 11% des professeurs de SES se disent satisfaits du programme actuel.
François Jarraud
L’Apses appelle à se concentrer sur 8 chapitres
Terminale SES : équation impossible