Gabriel Attal est-il de retour à l’éducation ? Plusieurs indices semés dans la presse laissent entendre une reprise en main de la rue de Grenelle. Lundi, c’est d’Arras que le Premier ministre rendait hommage aux victimes du terrorisme assurant que « c’est la victoire de l’École qui sèmera le glas de l’obscurantisme ». En milieu de semaine, il devrait évoquer « les questions de laïcité et de sécurité dans les établissements, mais aussi la réforme de la formation des profs et la question brûlante de leur remplacement ». Et jeudi, il parlera directement aux chefs d’établissements lors d’une visioconférence.
Lundi 11 mars, lors de l’hommage aux victimes du terrorisme, c’est de la citadelle d’Arras que Gabriel Attal a rappelé le rôle fondamental de l’école dans la lutte contre la radicalisation. « Je le crois fermement, c’est la victoire de l’École qui sèmera le glas de l’obscurantisme, de tous les obscurantismes, de l’obscurantisme islamiste qui veut mettre à bas notre École pour ses valeurs », a-t-il déclaré. « Nous lutterons et nous vaincrons. Les terroristes détestent l’école. C’est normal. L’École est la meilleure arme pour les combattre. L’école est notre plus grande force pour bâtir un avenir de concorde, de civisme et de respect. C’est tout ce qu’incarnait Dominique Bernard, mort parce qu’il était professeur. Tombé parce qu’il voulait protéger son école, protéger les élèves et à travers eux, tous les élèves de France ».
Si cette intervention du Premier ministre sur la question de l’École ne prête pas à polémique, ce sont plutôt les informations divulguées par la Tribune qui interrogent.
En effet, dès dimanche, on apprenait par le journal économique et financier que le Premier ministre a programmé pour jeudi une visioconférence avec les chefs d’établissement. Une information que n’avaient pas reçue ces derniers lundi matin, selon Bruno Bobkiewicz. « C’est une première, le seul précédent, c’est la conférence de presse d’Emmanuel Macron et Carole Grandjean à la prérentrée », explique le secrétaire général du SNPDEN, syndicat majoritaire des chefs d’établissement. Si cette annonce le surprend, c’est à deux égards. « C’est surprenant de l’apprendre par les médias et c’est aussi surprenant, car a priori cette visioconférence semble être portée par Matignon plutôt que Grenelle ». « Plus que surprenant, c’est embêtant », ajoute-t-il.
Pour Bruno Bobkiewicz, si on fait le lien entre cette visioconférence et « le décalage de vocabulaire entre la ministre le jeudi 7 mars et le Premier ministre le vendredi 8 mars, ça interroge sur le centre de commandement », « le signal n’est pas très bon ». « On fait une rechute Pap Ndiaye, ce ne serait pas Belloubet qui aurait la main sur l’éducation ». « Il faut laisser la ministre travailler. D’autant plus que, quasi unanimement, tout le monde a salué l’équilibre et la souplesse qu’elle avait donnée jeudi. Attal a martelé précisément le contraire le lendemain ».
Autre information révélée par la Tribune, le Premier ministre doit répondre à une interview de presse écrite dans laquelle la réforme de la formation des enseignants et enseignantes, leur remplacement, les questions de laïcité, de sécurité dans les établissements seront abordées. Des sujets qui semblent pourtant être du ressort du portefeuille de l’éducation…
Lilia Ben Hamouda
Les chefs d’ établissement ont finalement reçu un mail signé de Nicole Belloubet à 10h57 les invitant à une visioconférence jeudi 14 mars, afin d’aborder avec eux « l’ensemble des thématiques d’intérêt pour vous ».