Un arbre de la liberté ? c’est l’œuvre présentée par les élèves du lycée professionnel Nicolas-Joseph Cugnot de Neuilly-sur-Marne (93) au concours académique la Flamme de l’Égalité qui portait sur le travail en esclavage. Saïda Temam, leur enseignante de Lettres-Histoire, nous présente le projet.
Les élèves de Réparations Carrosseries du lycée polyvalent Nicolas-Joseph Cugnot de Neuilly-sur-Marne et leurs professeurs ont conçu un projet répondant à l’appel de la Fondation de la Mémoire de l’Esclavage. C’est dans ce cadre qu’ils ont réalisé une sculpture en acier, grandeur nature :« un arbre de la Liberté » sur les branches duquel seraient accrochées des chaines d’esclaves. Une réalisation qui a été présentée et primée au concours académique la Flamme de l’Égalité 2023 dont la 8ème Édition portait sur le thème « travailler en esclavage ».
Saïda Temam est professeure de Lettres-Histoire. Avec ses élèves de carrosserie, elle a participé au concours la flamme de l’égalité. Un public qu’on n’attend pas vraiment sur ce type d’exercice. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la docteure en Géohistoire s’est lancée dans l’aventure. « J’ai pensé qu’il était bien de déconstruire cette idée reçue et de prouver aux élèves qu’ils en étaient capables, car même s’ils reçoivent un enseignement certes différent, il n’en est pas de moindre qualité ». Et, en effet, l’enjeu, c’est bien celui de la reconnaissance, celle de leur place dans notre société en tant que citoyen. « Ils comprennent qu’ils peuvent participer à tout type de concours, surtout ceux visant à récompenser toute initiative citoyenne. Or ils sont des citoyens comme les autres. Leur apprentissage en lycée professionnel nécessite qu’ils développent non seulement leur dextérité professionnelle, mais aussi leur dextérité intellectuelle ».
Du côté académique aussi, la participation au concours à une réelle plus-value, explique l’enseignante. « Ces projets et concours sont particulièrement intéressants dans leur cursus, car ils font l’objet d’une valorisation dans leur CV. D’ailleurs, ils finalisent leur apprentissage par la réalisation d’un chef-d’œuvre et ce projet permet de donner tout son sens à cette épreuve ».
Le projet, pluridisciplinaire, associe l’enseignement de Lettres-Histoire et celui de Réparations des carrosseries. Pour autant, c’est la vision artistique de la « métaphore du combat pour la Liberté » qui transparait de cette réalisation avec des chaines ouvertes et cet arbre portant les stigmates du système esclavagiste. « Les fantômes d’hommes, de femmes et d’enfants, morts ou vivants, enchainés ou déchainés, sont autant de témoins silencieux, incarnés par ces chaînes enserrant leurs poignets », explique Saïda Temam. « Cette sculpture a d’ailleurs un socle sur lequel la citation de Victor Hugo a été gravée : « sauvons la liberté, la liberté sauve le reste ». Une citation qui rappelle la nécessité d’honorer la Mémoire et perpétuer l’Histoire comme une obligation morale. Ceci dans la perspective de combattre toute forme d’oppression et de discrimination ayant pour but de déshumaniser une ou plusieurs parties de la société sur des critères tels que la couleur de peau, le sexe ou la religion ».
Dans le cadre de son enseignement, l’enseignante a lancé ses élèves dans un travail d’analyse des sources à exploiter, « ce sont les étapes préalables à la constitution d’un socle de connaissances qui situent dans le temps et l’espace ces travailleurs en esclavage ». « Les biographies, les récits et illustrations apparaissent comme autant de sources et supports de travail qui vont aider les élèves. Ils auront appris que depuis la Révolution française, l’arbre est un symbole de liberté », explique-t-elle.
Lors de séances de cours en co-intervention Lettres/Carrosseries, les élèves ont conceptualisé, « ils ont dessiné et défini un cahier des charges qui décrivait la composition des cinq éléments de l‘arbre : le socle, le tronc, les branches et les feuilles, la citation et le logo de la Fondation ». Ils ont planifié, en définissant « une gamme opératoire : réalisation d’un socle, mise en place du tronc, de la semelle et du cadre, préparation et assemblage des feuilles et des branches, mise en recouvrement, des feuilles, puis de l’arbre, réalisation des pochoirs de la citation ». Et ils ont matérialisé « en fabriquant la sculpture en suivant la Gamme opératoire : découper, souder, peindre, toutes les composantes de l’œuvre ».
Lors de la cérémonie de remise des prix, la réalisation a été primée au concours académique la Flamme de l’Égalité 2023, les élèves ont lu un texte, un discours commémoratif, travaillé et rédigé avec la professeure de français. « Ils étaient intimidés puis très fiers d’avoir eu la reconnaissance de leur travail. La valorisation de leur travail est le plus grand prix qu’ils peuvent recevoir ».
Lilia Ben Hamouda
Pour découvrir la cérémonie, c’est par ici