16 millions d’euros, c’est ce qu’a dépensé le gouvernement dans une opération de communication à destination des élèves du CP au CM2. Dès le 19 février, des directions d’écoles élémentaires ont vu arriver des cartons pleins de « kits pédagogiques sur les Jeux olympiques ». Dans ce kit, une pièce de deux euros, une pièce commémorative de la Monnaie de Paris. Si toutes les écoles n’ont pas encore été destinataires de cet envoi, elles le seront d’ici le mois de juin, assure le ministère.
Pour la FSU-SNUipp, syndicat majoritaire du premier degré, « le ministère signe là une opération de communication qui frôle l’absurde tant sur le fond que sur sa mise en œuvre ». Le syndicat voir dans cet envoi, une « véritable provocation ». « Au moment où Bercy annonce des économies drastiques dans les ministères, ce sont 16 millions d’euros qui viennent d’être trouvés et dépensés pour une opération de pure communication auprès des familles des 4 millions d’élèves des écoles élémentaires. Alors que le ministère a été dans l’incapacité de livrer correctement des masques au moment du Covid, les notices de vote lors des élections professionnelles ou bien encore les livrets d’évaluation des élèves de CP-CE1, les grands moyens sont déployés pour acheminer la propagande gouvernementale », écrit la FSU-SNUipp sur son site.
Et si seulement le kit avait une visée pédagogique, tance Guislaine David, porte-parole du syndicat. « Ce n’est même pas le cas… ». Elle interroge aussi la pertinence d’une distribution d’argent aux élèves par les enseignants.
« La valeur d’une pièce de 2€ n’est pas la même qu’on soit issu d’un milieu défavorisé ou d’un milieu favorisé. Certaines familles sont en incapacité de payer leurs factures et bouclent leur budget à l’euro près. Quand certains élèves garderont cette pièce en souvenir, d’autres la donneront à leurs parents pour acheter le pain », souligne par ailleurs le syndicat. « Au lieu de donner une pièce à chaque élève, le ministère serait bien inspiré d’utiliser l’argent public à bon escient : le financement d’une école publique qui garantisse réellement les conditions d’enseignement et de scolarisation permettant la réussite de toutes et tous ».