Deux petits romans à lire dès 7-8 ans. Si les deux sont écris à la première personne du singulier, voilà deux histoires de deux genres bien différents. Les personnages principaux sont une jeune héroïne bien dégourdie dans l’un et dans l’autre des humanimaux, mais qu’est-ce au juste ? Deux petits livres qui montrent que l’on peut proposer des textes forts très tôt.
A la poursuite des pépites, de Jean-Charles Berthier, ill. Eric Heliot, Ed. Actes Jeunesse
Quelque part au Far-West, au milieu de terres arides sur lesquelles on a trouvé de l’or, Madeline vit dans un ranch isolé avec son père et deux « gaillards qu’il emploie à la ferme », un indien et un ancien esclave. Chapeau sur la tête et bottes serrées, elle ne se verrait pas vivre ailleurs . Alors que son père est parti à cheval rassembler le troupeau dispersé, elle s’aperçoit que Ted et Ulysse ne sont pas revenus de la ville. A leur recherche, elle apprend rapidement qu’ils sont accusés d’avoir volé des pépites. Ted a déjà été arrêté et Ulysse est en fuite. Sûre de leur innocence, elle va devoir mener l’enquête et déjouer les sales tours des différentes fripouilles pour sauver ses amis. Une gamine qui n’a pas froid aux yeux (et pourtant, ce n’est pas facile d’être une fille dans ce monde de cow-boys), un saloon, un marshal pour faire régner l’ordre, de l’or, des bandits, mais aussi la discrimination raciale sous-jacente : une enquête policière qui nous plonge vraiment dans le grand Ouest. Quelle ambiance !
L’enrequin, les Humanimaux, d’Eric Simard, Ed. Syros
Un texte court extrêmement fort, avec une histoire d’adolescents vivant dans un centre fermé : le Centre des Humains Génétiquement Modifiés (CHGM). Ce sont des êtres « mi-enfant mi-animal » : des Humanimaux. Chacun est unique. Celui qui raconte l’histoire est parfois extrêmement violent et tout le monde se méfie de lui. Personne ne joue avec lui, les adultes eux-mêmes font preuve d’une grande prudence à son égard. Lui-même avoue avoir peur de faire mal aux gens qu’il apprécie. Quand on lui demande de parler d’amour, c’est tout simplement hors de sa portée. Mais, se demande-t-il : “Quand on est méchant, est-ce qu’on le reste toute sa vie ?”. Ce n’est pas facile d’avoir des gènes de requin et de perdre tout contrôle dès qu’on flaire l’odeur du sang : dès lors, il ne faut surtout pas que quelqu’un se blesse à proximité ! L’espoir viendra-t-il de l’enrascasse, cette étrange fille aux cheveux rouges qui dépose une rose dans son casier ? Une idée originale qui verse dans le fantastique mais qui donne matière à réflexion sur la nature humaine.
Marianne Baby