L’intelligence artificielle infuse dans tous les systèmes éducatifs. Lors de la dernière conférence Terrains Innovants, il a été question de la place future des enseignants, des méthodes d’évaluations mais aussi de la nécessité de former les élèves à l’IA. Venus de France, d’Amérique du sud, du Canada, de Slovénie ou du Royaume-Uni, les intervenants croisent leurs regards sur le sujet.
Le British education training and technology Show dit Bett Show qui se tient à Londres chaque année a été l’occasion pour le Café pédagogique de proposer un débat autour de l’IA. Dans cette conférence, sont largement évoquées les avancées technologiques qui transforment l’apprentissage. L’intelligence artificielle « ouvre de nouvelles perspectives éducatives dans différents pays ».
Carla Aerts, experte en politique des technologies de l’information et de la communication au Royaume-Uni, trouve que l’IA est très fluide et permet une adaptation pour chaque étudiant. « Un trajet d’apprentissage personnalisé est alors possible ». L’intervenante différencie ChatGPT et les autres IA. « Est-ce qu’à l’avenir chacun va avoir un assistant personnel ? », questionne Lilia Ben Hamouda, rédactrice en chef du Café Pédagogique. Pour Carla Aerts, l’univers de la classe va évoluer et va changer. Il y aura beaucoup plus d’interactions voire un dialogue permanent entre les apprenants et les enseignants ou les IA…
Après le secteur du conseil, le monde de l’éducation ?
Thierry de Vulpillières, fondateur de la société Evidence B, souligne la pluralité des algorithmes. « Pour nous, l’idée est davantage d’aider l’enseignant dans le travail avec ses élèves. Les exercices qui s’enchaînent pour les élèves font remonter des informations aux enseignants ». Les parcours proposés aux élèves permettent aussi aux enseignants de former des groupes de besoin (cluster).
« L’équilibre entre la part des humains et la part des machines va évoluer », ajoute Fernando Valenzuela Migoya, président de l’association Edlatam Alliance qui a une présence dans plusieurs pays d’Amérique Latine. « L’humain va décider de la juste place de l’IA. Le domaine du consulting a été le premier à adopter l’IA, cela a permis d’accélérer la vitesse et la qualité du travail dans le domaine du conseil ». L’éducation suivra-t-elle la même voie ? « L’IA propose davantage de transversalité et moins une vision disciplinaire comme actuellement dans l’éducation ».
Pour compléter ces échanges, Borut Campelj, du ministère de l’éducation de Slovénie, présente des résultats d’une étude menée sur l’IA et l’éducation et des bons usages à avoir pour les enseignants. « Il y a une méconnaissance de l’IA chez les élèves et une partie des enseignants qui ont peur de l’IA ». Pour lui, la solution serait la formation des enseignants sur les possibles de l’IA.
Combien de modifications pour que cela devienne mon travail ?
Quel avenir pour les interactions prof / élèves ? Quelle place pour le collectif ? Quel avenir pour le groupe classe ? Lisa Galuga, enseignante et formatrice venue du Canada, expose « les transitions vers le numérique ». Pour elle, l’éducation est déjà en voie de transformation. « Il est trop tard. Il faut apprendre à nos élèves d’apprendre à maîtriser les nouvelles technologies et ne pas perdre le collectif ». La formatrice reste optimiste et compare l’arrivée de l’IA avec la venue de la calculatrice. Côté évaluation, « il y a de nouveaux barèmes à mettre en place. Il faut aussi développer un apprentissage de l’usage. A partir de combien de modifications, peut-on considérer que c’est son propre travail ? ». Enfin, l’importance de maîtriser « les compétences liées à l’IA avant d’arriver à l’Université et de comprendre ses mécanismes sous-jacents » est aussi souligné.
Julien Cabioch