La DEPP – direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publie son second Baromètre du bien-être au travail. Et un an après la première édition, les déclarations varient peu. Les personnels de l’éducation évaluent leur satisfaction professionnelle à un niveau plus faible que les Français en emploi. Quant à leurs perspectives de carrière (2,9 sur 10) et leur niveau de rémunération (3,3 sur 10), ils constituent des sources d’insatisfaction marquées. La charge de travail est aussi jugée trop importante. Seules satisfactions exprimées, celles liées à leur établissement d’exercice, leur sécurité au travail, leurs relations avec les élèves et leurs collègues. Interrogés pour la première fois en 2023, les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) expriment des niveaux de satisfaction légèrement supérieurs à ceux des autres personnels, sauf concernant la rémunération et les perspectives de carrière.
Pour cette deuxième édition du baromètre du service statistique du ministère, 71 000 personnels ont répondu à l’enquête : enseignants, personnels de direction, personnels administratifs, conseillers principaux d’éducation (CPE), assistants sociaux, psychologues, infirmiers et médecins scolaires. 3 000 AESH y ont aussi participé.
Satisfaction au travail : en dessous du reste de la population
Les personnels de l’éducation nationale attribuent en moyenne la note de 5,9 sur 10 pour évaluer leur satisfaction par rapport à leur travail en général, un chiffre en relative stabilité par rapport à 2022 mais toujours inférieur de plus de 1 point sur 10 à celle déclarée dans l’ensemble de la population, tout particulièrement celle des salariés ayant un bac+3 au minimum (7,3 sur 10). « Les niveaux de satisfaction les plus bas sont les mêmes qu’en 2022 : les enseignants remplaçants du premier degré (5,6 sur 10), du second degré (5,7) et les médecins scolaires (5,7 sur 10) », indique la Depp. À l’autre bout de l’échelle, les directeurs d’école totalement déchargés, les CPE, les personnels administratifs de catégorie B ou C et les infirmiers scolaires qui se démarquent par une satisfaction de leur travail plus élevée, avec une note moyenne de 6,4 sur 10.
La satisfaction des personnels concernant la vie qu’ils mènent actuellement est « à un niveau similaire à celui observé parmi l’ensemble des Français en emploi, mais inférieur à celui observé parmi les Français en emploi diplômés d’au moins bac + 3 : 6,7 sur 10 contre respectivement 6,6 et 7,2 sur 10 ».
Pour ce qui est du sens de leur travail, les déclarations sont proches de celles de l’ensemble des Français en emploi et de ceux diplômés d’au moins bac + 3 : 7,3 contre respectivement 7,4 et 7,7 sur 10. Quant au sentiment de fierté éprouvé dans le cadre de leur expérience professionnelle, les personnels de l’éducation l’estiment au niveau de 5,9 sur 10. L’impression de faire quelque chose d’utile aux autres est évaluée en moyenne à 7,4 sur 10. « Ces dimensions s’opposent au sentiment de valorisation de leur métier dans la société, que les personnels évaluent, comme l’année dernière, à un niveau très bas : 2,5 sur 10 », indique le service statistique. « Les personnels de direction se distinguent par des notes plus élevées que la moyenne dans ces trois domaines. La fierté est évaluée au niveau de 6,8 sur 10 par les directeurs d’école totalement déchargés et 6,5 sur 10 par les personnels de direction du second degré contre 5,9 pour l’ensemble des personnels ».
Rémunération et conditions de travail toujours au plus bas
À la question « Diriez-vous que vos conditions de travail sont satisfaisantes ? », les personnels de l’éducation nationale attribuent la note de 4,8 sur 10 en moyenne. Ils sont « globalement insatisfaits de leurs perspectives de carrière, en matière d’avancement, de promotion, de titularisation et de rémunération : ils attribuent la note de 2,9 sur 10 en moyenne ».
Le niveau de rémunération est également source d’insatisfaction. Les personnels attribuent en moyenne la note de 3,3 sur 10. « Ils sont 57 % à choisir une note entre 0 et 3 sur 10 ». Une majorité indique le pouvoir d’achat comme source de préoccupation.
Insatisfaits de leur niveau de rémunération, les personnels expriment aussi une impression de charge de travail trop importante, au niveau de 7,4 sur 10. Ils sont même 56 % à attribuer des notes élevées, entre 8 et 10.
La moitié des personnels estiment être très épuisés, ils attribuent une note entre 8 et 10 à ce sentiment d’épuisement. « Les personnels du premier degré expriment plus que la moyenne cette impression de charge de travail trop importante ».
La satisfaction vis-à-vis de l’équilibre entre le temps consacré aux proches et le temps consacré au travail est évaluée par les personnels de l’éducation nationale au niveau de 5,3 sur 10 – en baisse par rapport à 2022 (5,7/10), et en dessous de la moyenne des Français qui estiment cette satisfaction à 6 sur 10.
Le pouvoir d’achat et la charge de travail sont les domaines les plus cités par les personnels comme nécessitant d’être améliorés.
Domaines de satisfaction : sécurité, élèves, collègues, parents
Les personnels de l’éducation nationale aiment, de manière générale, exercer dans leur école ou établissement : la satisfaction s’élève en moyenne à 7,0 sur 10. Le sentiment de sécurité dans et aux abords de l’établissement est quant à lui estimé à 7,9 sur 10. Les personnels apprécient également leurs relations de travail.
Le sentiment d’être respecté par les élèves est évalué à un niveau élevé (7,3 sur 10), comme le sentiment d’avoir le soutien de ses collègues en cas de problème (7,7 sur 10).
Quant au respect des parents, les personnels de l’éducation nationale l’estiment à 6,3 sur 10. Un niveau plus élevé que celui du soutien de leur hiérarchie en cas de problème. (5,7 sur 10).
L’aménagement de fin de carrière est un axe d’amélioration prioritaire pour 35 % des personnels. « Cette déclaration prend de l’ampleur avec l’augmentation de l’ancienneté professionnelle : cet axe d’amélioration est désigné par plus de 60 % des personnels qui exercent depuis au moins 25 ans à l’éducation nationale », précise la Depp. La moitié des personnels indiquent qu’ils ne se sentent pas capables de faire le même travail qu’actuellement jusqu’à leur retraite, notamment les enseignants du premier degré (58 %). C’est le cas de 37 % des salariés français.
Les AESH
Pour cette nouvelle édition, 3 000 AESH ont été interrogées. Ils et elles se disent en moyenne plus satsifait·es de leur travail que les autres personnels de l’Éducation nationale : 7,1 contre 5,9/10. Au niveau rémunération et conditions de travail, c’est l’inverse. Respectivement : 2,1 contre 3,3 sur 10 se disent satisfait·es et 2,2 contre 2,9. Ils et elles se disent par contre plus généralement satisfait·es de travailler dans leur école ou établissement.
Quant à leurs relations de travail, leur ressenti varie selon le nombre d’élèves accompagnés. « Les AESH accompagnant un élève déclarent se sentir respectés par les élèves au niveau de 7,8 sur 10 et soutenus par leurs collègues en cas de problème au niveau de 8,2 sur 10, contre respectivement 7,4 et 7,8 sur 10 pour ceux qui accompagnent cinq élèves ou plus. L’impression que la charge de travail est trop importante varie elle aussi selon le nombre d’élèves accompagnés, tout en restant inférieure à celle des autres personnels (4,5 contre 7,4 sur 10). Les AESH accompagnant cinq élèves ou plus ont une impression plus marquée de charge de travail excessive que ceux qui accompagnent un élève (4,8 contre 4,2 sur 10) ».
Lilia Ben Hamouda