Comment créer des liens au sein des classes ? Et améliorer les relations de travail entre enseignants ? Valérie Rambaud, enseignante de SVT au lycée Claude de France de Romorantin (41) coordonne un projet qui implique 12 classes de 2nde. Des ateliers autour du vivre ensemble, de la connaissance de soi et des autres mais aussi des temps méthodologiques sont proposés aux lycéens qui ont tous l’heure de vie de classe en commun. L’enseignante, présente au forum des enseignants innovants de Poitiers, conseille « d’avoir une banque d’ateliers déjà prêts » pour garantir la pérennité du projet d’année en année.
Comment pourriez-vous résumer votre projet ?
Devenir Lycéen est un projet pédagogique à destination des 12 classes de seconde du lycée impliquant l’ensemble de la communauté éducative. La première semaine de l’année est consacrée à la mise en place d’ateliers crées par l’ensemble des équipes pédagogiques (incluant la vie scolaire, les infirmières) afin d’accueillir les élèves entrant en seconde selon 3 axes de travail :
– La méthodologie
– Le vivre ensemble
– La connaissance de soi et des autres
Tout au long de l’année, une continuité avec de nouveaux ateliers, mis en place soit par le professeur principal de la classe, soit par un autre professeur de la classe (seul ou en co-animation).
Pouvez-vous nous expliquer comment l’idée du projet « Devenir Lycéen » ?
Tout a commencé il y a quelques années, en 2016-2017, avec la mise en place au sein d’une classe de seconde d’ateliers lors de la semaine de la rentrée avec le PP, et quelques professeurs de l’équipe. L’année suivante (2017-2018) 3 classes ont été concernées et à la fin de l’année nous avons fait le pari fou de demander à l’ensemble des professeurs volontaires de créer des ateliers pour que chaque discipline puisse être concernée et que toutes les classes puissent être concernées lors de la semaine de la rentrée.
Un peu frustrés de ne faire des ateliers que lors de cette première semaine, nous avons envisagé l’année suivante de prolonger au cours de l’année. Sauf que l’on s’est heurté rapidement à l’organisation des emplois du temps. Puis les années COVID avec le demi-distanciel ont mis un frein supplémentaire.
A la rentrée 2023 nous avons décidé de reprendre le projet dans sa globalité et la proviseur adjointe a réussi le tour de force de positionner dans les EDT une heure de vie de classe commune à toutes les classes de seconde afin de faciliter la tenue d’ateliers tout au long de l’année. Nous avons, avec de nombreux collègues, crée de nouveaux ateliers (et nous continuons encore) et cette année toutes les classes de seconde ont eu une semaine de rentrée « en douceur » avec de très nombreux ateliers qui se poursuivent encore au cours de l’année.
Quel est votre secret pour réussir à impliquer toutes les disciplines du lycée dans ce projet ?
Notre lycée est un lycée rural, isolé et dans lequel de nombreux enseignants se sentent bien et restent de très nombreuses années. Pour ma part c’est ma 23° rentrée dans cet établissement. Cette « ancienneté » me permet de connaître l’ensemble des collègues de l’établissement et nous avons su créer au fil des années des relations de travail efficace. De plus mes collègues commençant à me connaître ont accepté de nous suivre dans cette aventure malgré mon grain de folie.
Des ateliers à conseiller ?
L’adaptation du règlement intérieur sous la forme d’un jeu de découverte, ou avec les points clés (en concertation avec la vie scolaire) mis en illustration est vraiment un incontournable.
L’atelier « comprendre les consignes » est également adaptable à toutes les disciplines et très apprécié. Mes préférés, professeur de SVT oblige, sont tous les ateliers autour du fonctionnement du cerveau face au stress, de la mémoire, de l’attention …
Comment mesurez-vous l’impact de ce projet sur les élèves ?
Il est toujours difficile de mesurer l’impact d’un tel dispositif, puisque les élèves changent d’une année sur l’autre, avec leur acquis et leur vécu différents. Pour nous professeur nous avons mesuré plusieurs impacts, le premier étant d’avoir renforcé les liens entre les professeurs dans chaque équipe pédagogique, le deuxième est l’établissement d’une relation plutôt calme et apaisée avec les élèves des classes de seconde.
Pour moi un vrai plaisir de travailler avec mes collègues à la création de nouveaux ateliers et de voir mes élèves adhérer à ces activités.
Quels conseils donneriez-vous à d’autres établissements souhaitant mettre en place un projet similaire ?
De créer une équipe de professeurs volontaires pour la création de ressources qui seront facilement utilisables par l’ensemble des collègues afin de faciliter l’acceptation d’un tel projet. En effet on ne peut pas demander à des collègues (stagiaires ou autre) qui arrivent par exemple dans un établissement de créer en une journée une nouvelle activité afin de « rentrer » dans le projet, il faut une « banque » d’ateliers déjà prêts. D’expliquer et de convaincre (si besoin) l’administration du lycée afin de faciliter la mise en œuvre de ce projet.
Propos recueillis par Julien Cabioch