« Le café pédagogique » entreprend une publication hebdomadaire du podcast Docs sur l’Éduc réalisé par Alain Barlatier, documentariste et ancien enseignant à Marseille. Docs sur l’Éduc, c’est un podcast en construction sur la pratique des métiers de l’éducation dans les quartiers populaires, sur l’histoire et les perspectives de l’éducation prioritaire. Il présente un regard croisé de chercheur·es, de militants syndicaux, de professeur.es et personnels exerçant en éducation prioritaire à Marseille et dans la région. Chaque semaine Alain Barlatier présente un épisode de cette série que vous pourrez écouter directement à partir de notre site. Aujourd’hui, il donne la parole à Sabine B professeure de lettres classiques au collège Vieux-Port à Marseille.
Chaque matin, comme des centaines de milliers d’autres enseignant·es du service public, Sabine prend le chemin de son établissement pour y enseigner les fondamentaux du vivre ensemble, pour permettre un égal accès pour toutes et tous aux savoirs, à la culture et aux formations qualifiantes dans son collège classé REP+ à proximité immédiate du Vieux-Port.
Le cheminement n’est pas désagréable, il s’agit de remonter le « Quai de la Fraternité », puis celui « du Port » jusqu’au fort Saint-Jean qui abrite une partie du MUCEM.
Il faut dire que Marseille est une des rares grandes villes de France qui possède un centre très populaire (la bourgeoisie ayant historiquement élue domicile dans les quartiers Sud). Le collège est à proximité du quartier du Panier, près de la Joliette. Les collèges du centre (où de l’immédiate périphérie) sont tous classés REP+ : Vieux-Port, Izzo, Quinet ou ont une population scolaire qui s’apparente à celle des réseaux d’éducation prioritaire (Thiers, A. France).
Pour ce deuxième épisode du podcast, j’ai choisi de vous parler de cette collègue professeure de lettres classiques. Enseigner le français, la littérature, le latin ou le grec dans ce contexte n’a rien d’anodin pour elle. C’est un choix délibéré de sa part, sans contrepartie, c’est l’expression d’un engagement de tous les instants pour les enfants d’un quartier populaire (Joliette-Panier).
Certains de ses élèves viennent, par ailleurs, d’arriver en France (elle intervient aussi dans une classe NSA , destinée à des Élèves Non Scolarisés Antérieurement et ne maîtrisant pas la langue française).
La découverte de la langue, de la littérature, l’échange culturel possible avec leurs autres camarades sont des éléments fondamentaux pour le parcours de vie futur de ses enfants et adolescents qui ont subi de longs et difficiles parcours migratoires.
À chacun son IPS (Indice de positionnement social)
Nous sommes loin des collèges privés marseillais Provence ou Cluny où l’indice de positionnement social (IPS) frôle ou dépasse les 150, loin du très catholique collège-lycée Stanislas à Paris dont il est question aujourd’hui.
Résultat frappant d’une étude menée en 2022 par le Ministère de l’Éducation Nationale, les 15 premiers établissements du classement dans les Bouches-du-Rhône sont privés. A contrario, dans le département, les 100 derniers établissements du classement sont des collèges publics.
Dans le secteur où travaille Sabine (le deuxième arrondissement de Marseille, l’un des quartiers les plus pauvres de France), les deux collèges publics (Vieux-Port et Izzo) ont un IPS proche de 80 pour une moyenne nationale de 103 et un maximum à Marseille de 152.
La motivation, le dévouement des professeurs de l’enseignement public n’est plus à démontrer, elles et ils restent souvent les derniers représentants d’une république sociale qui ne s’assume plus.
Pour écouter le deuxième épisode du Podcast d’Alain Barlatier (« Sabine B professeure de lettres classiques en collège REP+, à Marseille »), c’est par ici
Contact : barlalain@gmail.com