Magali Rambert-Bugeia enseigne, entre-autres, l’anglais . Un anglais baptisé «anglais vache» par ses élèves de lycée agricole. Depuis trois ans, elle innove pédagogiquement, notamment en étant adepte de la classe flexible. À la recherche de l’intérêt des élèves et de leurs progrès, Magali Rambert-Bugeia présente au Café pédagogique ses méthodes, «Avec mes élèves, j’essaie de faire quelque-chose. Une goutte d’eau dans l’océan… J’ai fait un pas vers eux, eux vers moi, vers l’anglais. Ça a créé une motivation. J’ai réussi à les intéresser, à les faire réussir.»
Un parcours riche et des évolutions: enseigner les lettres et l’anglais dans un lycée agricole
Magali a débuté sa carrière de professeure de lettres dans le lycée agricole. Grâce à ses compétences et son appétence pour l’anglais, quand le lycée a ouvert une section euro anglais, elle s’y investie. Puis, accompagnée par l’ensemble de l’équipe pédagogique, Magali passe la certification en DNL et obtient la double compétence d’enseignement lettres-anglais. Elle enseigne désormais les lettres et l’anglais à des élèves de lycée pro, de lycée agricole comme de BTS. C’est alors que Magali développe ce que les élèves appellent «l’anglais vache». Elle raconte comment est né ce projet : «c’est quelque-chose qui répond à ce qui leur parle. J’ai fait un pas vers eux, eux vers moi, vers l’anglais. Ça a créé une motivation chez les élèves. J’ai réussi à les intéresser, à les faire réussir.»
Qu’est-ce que l’anglais vache?
Magali se rend sur l’exploitation agricole du lycée avec les élèves et organisent des TP en exploitation en anglais pour mesurer la croissance des veaux par exemple. C’est l’occasion de retravailler les nombres, chiffres et les questions. Pour Magali, l’anglais sur site agricole «permet de remobiliser» ses élèves. Avec sa classe, elle suit une exploitation sur les quatre saisons. Elle fait présenter aux élèves en anglais les activités du sol, des vaches, la vie de l’exploitation, l’exploitation elle-même.
Elle précise : «toutes les activités sont variées et sont basées sur l’engagement actif de l’élève. Même pour une compréhension de l’écrit, ils travaillent en groupe, ils manipulent. Les ateliers tournent. Je vois les élèves s’épanouir. En Terminale, ils ont acquis un vocabulaire technique important.»
Les élèves de Magali font des restitutions en anglais de leur stage, en seconde, les structures de phrases sont simples, avec des contraintes d’utilisation des verbes modaux, puis en 1ère, le compte-rendu est plus approfondi. En terminale, les élèves font un plan masse, ils préparent une visite guidée à l’oral de l’exploitation. Le parcours permet de consolider les connaissances, de les mémoriser et approfondir.
Un basculement pédagogique : enseigner avec la classe flexible
Partant du constat que ses élèves de bac professionnels ont besoin de se déplacer, de nourrir leur découverte du monde professionnel, Magali a cherché à s’appuyer sur leur motivation. «Au début, je faisais des compréhensions de l’écrit, des trucs classiques, des textes avec des tracteurs, des vaches. Au fur et à mesure, j’ai construit d’autres choses, pour les faire apprendre en bougeant, en faisant.» Ensuite, selon elle « tu les mets en petit groupe, en autonomie, tu les mets en activité, ça marche plutôt bien avec un projet. C’est une méthode qui porte ses fruits en termes d’apprentissage, d’engagement, de confiance en soi, ça parle à leurs tripes».
Magali présente un de ses outils qui permet de placer les parties de la vaches, les mots en anglais et de les placer sur une images.
Les atouts de l’anglais vache et flexible
Depuis 3 ans, après s’y être formée, Magali enseigne avec une pédagogie de la «classe flexible» et de la classe autonome. Avec la classe flexible, Magali veut rendre ses élèves acteurs de leur apprentissage. L’engagement actif favorise la concentration et la mémorisation sur le long terme. Selon Magali, la classe flexible permet de s’adapter au niveau de l’élève: chaque élève peut avancer à son rythme en respectant un plan de travail (échéances, objectifs, évaluation), il est libre de son organisation dans le travail comme dans le lieu et la forme (en groupe, seul). Le groupe classe va fonctionner différemment.
Magali décrit un travail coopératif entre les élèves qui se corrigent et s’aident entre pairs avec des flashcards, développant des compétences psychosociales. Tous les ateliers sont autocorrectifs, permettant un retour immédiat sur erreur. Par ailleurs le travail en îlot permet à des élèves plus timides «d’oser parler anglais, parler au professeur ou à son groupe désinhibe, ils ont moins peur du jugement, parler dans une classe, c’est compliqué pour certains élèves».
Le travail en îlot «permet de passer du temps avec les élèves qui en ont besoin, la pédagogie flexible permet de travailler ta matière de façon protéiforme. Ca te propose beaucoup d’outils. C’est une pédagogie rassurante, c’est la liberté dans le cadre.»
L’anglais vache et la classe flexible de Magali rendent véritablement «vivant» son enseignement de la langue anglaise, tant du point de vue du matériel que de la méthode, comme du lien tissé avec ses élèves. Le changement de posture enseignante de Magali permettent à l’élève de s’engager pleinement dans son apprentissage, à son rythme.
Djéhanne Gani