Reçue le mardi 12 décembre en audience par Cécile Laloux, conseillère pédagogique de M. Attal, l’APSES s’est vue opposer une fin de non recevoir ». Soutenue par un enquête à laquelle avait participé un professeur de SES sur trois, la démarche de l’Apses n’a rencontré que l’obstination de la rue de Grenelle. L’expertise des enseignants pèse toujours très peu.
Un programme impossible
« En fait avec la réforme Blanquer du lycée, chaque fois que l’on essaye de trouver une solution on a un nouveau problème« . Benoît Guyon, co-président de l’Apses (association des professeurs de SES) nous confiait son étonnement devant le énième rafistolage du bac général.
Fin septembre, pour satisfaire les demandes des associations professionnelles, le ministère reporte à juin les épreuves de spécialité. Mais, en SES, il en fait payer le prix. Le trimestre supplémentaire est accompagné d’une révision du programme. Celui-ci double quasiment avec le passage de 7 à 12 chapitres. « Les élèves et les professeur⋅es se voient imposer une augmentation des cadences, dans une course infernale au programme qui s’étendra maintenant jusqu’à juin« , fulmine l’Apses.
Les solutions des enseignants
L’association consulte ses troupes. 1700 professeurs de SES participent à l’enquête, soit près d’un professeur sur trois. Difficile de faire mieux !
« L’enquête que nous venons de réaliser auprès de 20% des professeurs de SES, montre que la course au programme est déjà perdue. Trois classes sur quatre sont déjà en retard. 60% n’ont traité que 8 points sur les 51 au programme ! Ce n’est pas rattrapable à moins de ne plus se soucier de l’acquisition des savoirs« , nous disait Benoît Guyon fin novembre. « Mais il faut aussi parler du programme de 1ère. 80% des enseignants de 1ère n’ont pu traiter que 9 chapitres sur douze. 80% n’ont pas commencé l’entrainement à la dissertation en 1ère. On se retrouve donc devant une équation impossible en terminale : il faut revenir sur les pré-requis de 1ère, entrainer les élèves à la méthode de la dissertation , faire un programme très lourd et préparer aussi le rand oral. On ne peut pas tout faire ! »
L’enquête montrait aussi que les enseignants ont commencé l’année par les mêmes chapitres ce qui rendait possible un aménagement. L’Apses demandait au ministre de décider vite la réduction du programme à présenter au bac.
Un mépris des enseignants
Reçue le 12 décembre par Cécile Laloux, conseillère pédagogique de G. Attal, ancienne directrice du cabinet du recteur de Reims, une spécialiste du harcèlement scolaire, l’APSES a déchanté. Pour l’Apses, la « course infernale » imposée aux élèves n’est pas prise en compte par le ministère. « Les élèves de lycée sont de plus en plus nombreux à montrer des signes importants de stress, voire de burn-out« , souligne l’association.
« Le cabinet du Ministre recevait enfin l’APSES, le 12 décembre dernier, mais a évacué toute possibilité d’allègement cette année, fermant les yeux sur le mal-être dans les classes. Une nouvelle marque de mépris à l’égard des professeur⋅es et de leurs élèves, bien loin de l’esprit des propos tenus par Gabriel Attal sur la nécessité de reconnaître l’expertise des enseignant⋅es« , nous dit l’Apses.
François Jarraud