Comme en 2022,la Depp – Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publie simultanément ses notes sur les taux d’insertion professionnelle des apprentis et des lycéens professionnels. Une concomitance qui invite à la comparaison. Si 67% des apprentis sont en emploi salarié six mois après leur sortie d’étude, ce taux tombe à 48% pour les élèves de la voie professionnelle. A priori, à la lecture de ces chiffres, l’apprentissage offrirait plus d’opportunités d’emploi. Pour autant, Sigrid Gérardin, secrétaire générale du Snuep-FSU, tempère. « Cet écart s’explique par l’aspect très sélectif de l’apprentissage et au taux important de rupture de contrat pendant la formation. Les apprentis, qui ont résisté à tous ces épisodes de tri et d’exclusion, ont réussi à adopter des comportements qui spontanément correspondent aux attendus des employeurs ». La responsable syndicale déplore d’ailleurs le manque « d’indication sur les difficultés et sur les parcours de tous ceux abandonnés au bord du chemin ». « Seuls 27% des apprentis signent un contrat de travail chez l’employeur qui les a formés, un taux en baisse par rapport à l’an passé » souligne-t-elle. « Cela confirme l’effet d’aubaine que constituent les aides publiques inconditionnelles à l’apprentissage – et c’est particulièrement vrai dans le secteur commerce vente ».
Pour la responsable syndicale, ces données sont loin d’être exhaustives. Elle rappelle que d’autres organismes – la Dares entre autres – pointent un écart dans l’insertion professionnelle entre apprentis et lycéens de la voie professionnelle qui diminue fortement au bout de deux ans puis s’annule.
La Depp note aussi une corrélation entre le milieu familial et le taux d’insertion des jeunes lycéens de la voie professionnelle. « À tous les niveaux de diplôme, l’insertion à 6 mois est moindre pour les jeunes dont le représentant légal est sans activité. L’absence de réseau professionnel, l’éloignement du marché du travail des représentants légaux ou le manque de ressources pour pouvoir être mobile géographiquement rendent plus difficile leur insertion professionnelle », écrit le service statistique du ministère. « Le déterminisme social reste un marqueur fort pour les élèves de lycées pros », commente Sigrid Gérardin. « Réformes après réformes, le lycée professionnel ne parvient plus à enrayer les inégalités sociales ni à jouer son rôle d’ascenseur social. Cette donnée devrait alerter le ministère et l’enjoindre à renoncer à sa dernière réforme de la voie professionnelle ».
La note pour les lycées professionnels