Jérémie Fontanieu (Professeur de Sciences Économiques et Sociales) présente aux visiteurs du Forum des Enseignants Innovants des 8 et 9 décembre, son projet « Réconciliations ». Cette méthode, élaborée initialement de manière artisanale, consiste à « faire en sorte que les parents d’élèves nous protègent des violences du métier ». Une approche originale pour opérationnaliser le rapport de confiance à tisser entre familles et École, investis, chacun dans son domaine de compétence, dans la réussite de chaque élève.
Au lycée de Drancy (Seine-Saint-Denis), vous proposez depuis une dizaine d’années une sorte d’alliance avec les familles. Pouvez-vous détailler ce projet ?
Nous sommes partis du constat que les enseignants étaient souvent victimes de violences de toutes sortes. Ainsi, pour « se protéger », avons-nous envisager un dispositif simple de relations de confiance avec les familles. Rien de bien compliqué : un appel téléphonique individualisé en début d’année scolaire, principalement orienté vers un objectif commun, que l’on peut résumer à : « Voulez-vous que nous participions ensemble à la réussite de votre enfant ? ». Qui peut répondre négativement à ce défi ?
Ensuite, chaque semaine, un petit SMS individualisé est envoyé, relatant une situation : « Votre enfant a obtenu un score moyen à l’évaluation sur tel thème, il faudrait l’aider à revoir ce cours », ou « Elle arrive parfois en retard, il serait bon de contrôler son heure de départ de la maison »…etc…Un bon moyen de créer du lien, un suivi.
Des résultats probants ont-ils été constatés ?
Après 10 ans d’expérimentation, ce dispositif, qui peut s’assimiler à de la co-éducation, apermis de constater une disparition du sentiment d’impuissance chez les élèves, une revalorisation de l’image du système scolaire…grâce à l’intervention précoce de début d’année, et d’une réciprocité de l’écoute. Ce suivi conjoint met un peu la pression sur les élèves, les résultats aux examens s’en ressentent. Nous parvenons à convaincre les élèves de leur capacité à réussir, aidés par leurs familles. Leur mise au travail est visible.
Votre dispositif est-il repris par d’autres collègues ?
À ce jour, environ 200 d’entre eux, d’une très grande diversité (âges, parcours personnels, contextes d’exercice…) nous ont rejoint. Ils utilisent de façon adaptée les outils mis à leur disposition (guide pour se lancer, groupe Facebook, vidéos explicatives..).
En résumé ?
On nous prend pour des super profs ! En fait nous ne faisons que notre métier en proposant une dimension complémentaire à la construction d’un cadre que nous voulons rigoureux de poursuite d’études, respectueux de la personnalité et des projets des élèves, en y associant les familles.
Propos recueillis par Jean-François Liaudiois
Illustration du travail du collectif : https://tube-action-educative.apps.education.fr/w/e67aa577-735c-4956-9839-e2387dc9e317