L’intelligence artificielle ne va pas remplacer le professeur d’histoire-géographie. Nathalie et David Thomas, un couple de professeurs d’histoire-géographie du Nord Pas-de-Calais en témoignent. Ils utilisent l’intelligence artificielle pour faire réaliser par les élèves de 4ème des fiches biographiques qui, au final, servent à développer l’esprit critique des élèves. « Le professeur doit s’accaparer ces outils pour développer les compétences des élèves vers l’esprit critique », nous dit Nathalie Thomas.
C’est super simple
« C’est super simple« , poursuit Nathalie. Les deux enseignants utilisent le site Character.ai, un chatbox qui génère des conversations fictives, pour interroger des personnages historiques. Leurs élèves de 4ème peut poser cinq questions par exemple à Voltaire ou à Mme Geoffrin.
« Le but c’est de travailler déjà la pertinence des questions« , explique David Thomas. Les élèves doivent imaginer des questions qui permettent de cerner le personnage et d’avancer dans une discussion.
« Mais les réponses ne sont pas toujours sérieuses« , rappelle Nathalie Thomas. « Parfois elles sont fantasques. Les élèves doivent donc vérifier leur pertinence ».
« Notre but c’est aussi de montrer aux élèves que l’intelligence artificielle est un outil mais qu’il faut avoir un esprit critique sur ce qui sort de l’outil numérique« , explique Thomas David.
Travailler l’esprit critique
Pour cela les deux professeurs utilisent Perplexity.ai, un autre outil d’intelligence artificielle qui, lui, cite ses sources. « Les élèves peuvent vérifier les réponses de Character.ai. Au final c’est une initiation au métier d’historien. Cela leur fait exercer leur esprit critique et participe à l’EMI« , ajoute Nathalie David.
Finalement l’utilisation de l’intelligence artificielle rend plus vivant un exercice qui est au cœur de la démarche de l’historien. « Pour un élève si vous lui proposez de le mettre sur une biographie de Voltaire ou d’utiliser un outil d’intelligence artificielle, le choix est vite fait« , explique David Thomas. « Le second est plus amusant à utiliser. Mais, au final, c’est la même chose« . Ce sont toujours les élèves qui doivent imaginer les questions pertinentes et vérifier la validité des réponses en passant par une étape qui démystifie l’intelligence artificielle (IA).
Même pas peur
« Dans un autre exercice en 3ème, les élèves ont vu que ChatGPT fait un résumé d’un sujet du brevet assez vague. Là aussi ils doivent intervenir pour étoffer le sujet avec leurs connaissances. Là aussi leur rôle est crucial« , ajoute David Thomas.
Alors les professeurs doivent-ils avoir peur de l’IA ? « Le professeur doit s’accaparer ces outils pour développer les compétences des élèves vers l’esprit critique« , nous dit Nathalie Thomas. « Et les élèves ont adoré« , ajoute Nathalie Thomas.
Propos recueillis par François Jarraud
Le numéro de Num@lille sur l’intelligence artificielle
