On ne devient pas professeure d’histoire par hasard. Pour Noémie Faivre, professeure d’histoire-géographie au lycée G. Berger de Lille, la transmission se fait de père en fille vers ses élèves de première technologique. Le goût de l’histoire locale, celle de la Première Guerre Mondiale et de son patrimoine, atteint les élèves par le jeu et une application numérique d’un usage qui peut s’élargir : PhotoSpeak.
Une histoire de transmission
Cette séquence pédagogique c’est une affaire d’héritage. L’amour de l’histoire et du patrimoine régional se transmet d’un père, historien local amateur, à sa fille, professeure d’histoire-géographie. Celle-ci le transmet à sa classe de première technologique STMG avec deux séquences sur la bataille de la Somme et les soldats canadiens.
Au départ, la visite par les élèves des champs de bataille de la Première Guerre Mondiale et d’un cimetière militaire canadien. Avec un objectif historique : comprendre que cette guerre est mondiale et toucher du doigt ce qu’est une guerre totale.
« J’ai été bercée dans mon enfance par un père passionné d’histoire régionale« , nous dit Noémie Faivre. « Il s’est focalisé sur l’histoire de la Première Guerre Mondiale dans la région, avec ses soldats britanniques, hindous, canadiens. Je voulais traiter la bataille de la Somme, qui est au programme, en l’envisageant dans sa dimension de guerre mondiale« .
Faire parler des soldats canadiens de 14-18
Son père, qui connait très bien les archives, va aider Noémie à mettre au point une séquence originale. Au terme d’une visite de terrain où les élèves découvrent fortuitement des vestiges des combats, guidés par Noémie Faivre, les élèves vont travailler sur les archives canadiennes pour faire revivre des soldats. Appuyés sur les photos et les renseignements des livrets militaires des soldats décédés en Picardie, les élèves enregistrent une vidéo où un soldat parle de sa vie et de sa mort au combat.
« Dans cette génération on aime le numérique. On a besoin d’images et de présentations« , nous dit Noémie Faivre. « J’ai pu allier l’ancien et le moderne. Les élèves ont travaillé sur des archives. Ils ont récupéré les photos des soldats. Et avec PhotoSpeak ils réalisent une vidéo où le soldat parle. Un élève m’a dit : « ce soldat est mort il y a 100 ans. Jamais il n’aurait pensé que des élèves français travailleraient sur sa mémoire ».
S’approprier la mémoire locale d’une guerre mondiale
Finalement, avec cette séquence, les élèves s’approprient beaucoup de choses. Ils travaillent leur anglais pour faire de l’histoire, ce qui n’est pas un mince résultat en STMG. Ils s’approprient aussi un passé régional à travers des destins de soldats venus d’ailleurs, ce qui n’est pas sans faire écho à leurs origines.
« Ils se rendent compte que ces soldats sont des jeunes gens à peu près de leur âge qui sont venus se battre à des milliers de kilomètres de chez eux pour eux« , nous dit Noémie Faivre. « La découverte sur le terrain d’un éclat d’obus a ancré cette histoire dans leur propre espace local« .
Car la visite de terrain a aussi sa place dans le succès de cette séquence. « Les élèves de STMG sont un public difficile. Ils n’ont que 2 heures d’histoire-géographie par semaine avec un petit coefficient au bac. Pour les amener à réfléchir ce n’est pas facile. La sortie sur le terrain leur montre qu’on s’intéresse à eux. C’est d’histoire proche dont ils ont besoin. Ils ont perçu que notre héritage vient aussi de ces soldats canadiens comme des tirailleurs de l’armée française ou des coolies chinois qui travaillaient pour l’armée« .
Une application pour d’autres séquences
Evidemment la séquence nécessite des compétences numériques. « Les élèves peuvent avoir des difficultés avec des logiciels mais ils maitrisent très bien les applications de leur téléphone« , explique N Faivre.
PhtoSpeak se prête à d’autres sujets en histoire. « J’ai des collègues qui font incarner un personnage en seconde« , dit Noémie Faivre, « par exemple Auguste ou Constantin. Plutôt que recopier un article de Wikipédia, les élèves peuvent facilement réaliser une vidéo avec un récit qu’ils rédigeront« .
Propos recueillis par François Jarraud
Le jeu de plateau sur la bataille de la Somme