Les priorités, le ministre de l’Éducation nationale les multiplie depuis sa nomination à la rue de Grenelle. Claude Lelièvre, historien, revient sur cet enchainement d’annonces.
Cela n’a pas manqué : Gabriel Attatl s’est empressé au premier jour du salon Educ@tech d’ajouter un cinquième élément à sa liste des fondamentaux et à sa longue liste des priorités : « lire , décoder, décrypter l’information » doit s’ajouter au « lire, écrire, compter et respecter autrui » s’est-il écrié.
Le défilé des « priorités » a commencé dès son discours d’intronisation au ministère de l’Éducation nationale le 20 juillet 2022 : « Les absences de professeurs non remplacés seront ma priorité ».
Une semaine après, le 27 juillet, le nouveau ministre de l’Éducation nationale proclame urbi et orbi qu’il a « fixé la lutte contre le harcèlement moral comme la priorité absolue » de son ministère.
Le 28 août, lors de sa conférence de rentrée scolaire, il apparaît que la cadence de la succession des ‘’priorités’’ du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal ne faiblit pas : « la première priorité est d’élever le niveau des quelques 11993500 élèves des écoles, collèges et lycées » (on admirera la précision quantitative, sans doute pour s’efforcer d’être crédible).
Le 22 octobre, sur BFMTV, Gabriel Attal met en avant avec une insistance renforcée une nouvelle »priorité’ : « ma priorité, mon obsession, c’est que de nouvelles mesures soient prises pour la protection des élèves et des professeurs […] Je vous le redis, la priorité de protéger les élèves et les professeurs, c’est cela mon obsession ».
Le très pressé ministre de l’Éducation nationale s’est donc empressé d’ajouter encore une nouvelle ‘’priorité’’ à sa longue liste de « priorités » Il l’a même ajoutée à son mantra jusque-là repris directement de celui de Jean-Michel Blanquer : « lire, écrire, compter et respecter autrui ». Une reprise d’ailleurs quelque peu bizarre quand on sait que le mantra du président de la République (constamment répété aussi depuis son élection à la présidence de la République) diffère sensiblement sur un point non négligeable : « lire, « écrire, compter, bien se comporter » (cf « Restauration ou République : ‘’lire, écrire, compter, bien se comporter’’ ?»)
A partir de là, et dans ce contexte, doit-on prêter vraiment attention aux quelques pistes que Gabriel Atal a évoquées avec empressement (et à tout hasard?) : « le retour du code au collège », le rôle que l’Intelligence artificielle pourrait jouer « pour élever le niveau » à condition que les enseignants soient « au cœur de l’élaboration des outils » ad hoc, les enseignants devant bénéficier en l’occurrence d’une « formation robuste ».
Où doit-on saisir cela avec beaucoup de circonspection et selon le cinquième terme de son mantra augmenté : « décoder, décrypter l’information » ?
Claude Lelièvre