Comment l’installation d’une serre peut-elle démultiplier les possibles autour du végétal ? Sylvain Caberty, enseignant de SVT au collège Corneille de Tours (37) dispose avec ses élèves d’une serre pédagogique de 12 m². Semis, plantations, vente de plants : les projets sont nombreux et impliquent différents professeurs. « Les ventes de plants de légumes et d’aromates servent à financer des projets du foyer socio-éducatif ». Prochainement, le collège va installer aussi des récupérateurs d’eau et un poulailler.
Comment avez-vous réussi à installer une serre pédagogique dans votre collège ?
Dans le cadre du budget participatif du conseil départemental de l’Indre-et-Loire, nous avons obtenu une subvention de 5000 euros. Cela nous a permis d’acheter une serre de 12m² en aluminium-verre et divers équipements de jardinage-plantation. La serre a été inaugurée en 2022 par mme la Rectrice de l’académie et le vice-Président du CD37.
Quelles sont les utilisations de la serre ?
Nous semons, entretenons des plants de légumes et aromates pour une vente printemps-été.
Les plantations commencent en février en intérieur puis nous sortons les plants en mars dans la serre. Ces plants sont vendus aux usagers de l’établissement (administration, enseignants, parents, personnels) et servent à financer les actions du foyer socio-éducatif (sorties et voyages). Les commandes passent par l’ENT : une liste de plants est mise à jour chaque semaine. Les plants sont déposés en caissette à l’accueil et les parents viennent les chercher et les payer.
Quelles sont les implications des élèves ? Pour quels retours ?
Il faut des élèves sur les temps du midi pour s’occuper de tout cela ! L’année dernière, nous avons vendu près de 1100 plants donc il faut arroser régulièrement, transplanter, préparer les commandes, …… C’est donc avant tout une bonne organisation et des élèves qui doivent savoir faire des gestes précis. Les retours des parents et des élèves sont très positifs et l’ambiance scolaire s’est amélioré au collège même si nous n’y sommes que pour peu !
Parallèlement, nous avons pris l’habitude d’organiser une « scène » à l’entrée du collège pour les portes ouvertes, en collaboration avec mes collègues d’arts plastiques et de sciences physiques et de chimie. Cela donne aussi une belle image de l’établissement. On cherche à faire sortir des émotions, créer la surprise et montrer à nos élèves que l’art sert à quelque chose.
Des écueils à éviter pour un enseignant qui voudrait aussi se lancer dans l’aventure ?
Le temps principalement ! Il en faut beaucoup. J’ai la chance de pouvoir bénéficier d’une IMP en tant que référent développement durable mais ce n’est pas le cas partout. Il faut donc bien gérer ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Nous sommes également à la recherche d’une personne missionnée « développement durable ».
Il faut aussi bien gérer les vacances. Nous nous relayons avec des collègues pour l’arrosage. Cet été, nous étions sept avec un planning établi à l’avance et un groupe de discussion pour tout prévoir. Il faut donc un accès à l’établissement complet.
Nous allons bientôt passer à 3000 litres de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage afin de ne plus utiliser de l’eau potable payante du collège.
Le compostage mis en place avec les biodéchets de la cantine permet également de récupérer l’année suivante le terreau nécessaire sans avoir à acheter du terreau avec des emballages plastiques. Une collaboration avec le lycée Becquerel voisin (un grillage nous en sépare) permet de récupérer leur terreau de feuilles. Cela nous a permis également d’obtenir une labellisation de territoire sur le plan du développement durable en travaillant ensemble.
Un travail important de communication (radio, télévision, presse écrite locale, presse jeunesse) permet aux élèves de montrer le travail effectué au collège.
Avez-vous d’autres projets liés à la serre ?
Nous avons une subvention nous permettant d’acheter deux autres serres afin d’augmenter nos surfaces et de produire plus de plants en 2025. Nous souhaiterions collaborer avec la ville de Tours pour planter principalement des aromates dans un quartier socialement défavorisé dont est originaire une grande partie de nos élèves. Nous souhaitons repousser les murs du collège et utiliser les plantes comme lien entre les familles et le collège.
Quelques mots sur le projet de poulailler…
Dans le cadre du 2e budget participatif du CD37 2023, un des projets des écodélégué.e.s de l’année dernière était de travailler sur le bien-être au collège et ils se sont orientés vers un poulailler.
Cela a pu être acheté en octobre ; un éleveur local nous a offert deux poules pondeuses et les élèves de Segpa, atelier « habitat » ont construit le grillage autour du poulailler.
Des familles d’accueil sont prévues pour les vacances et du personnel en logement de fonction jettent un coup d’œil le week-end. C’est très sympa de voir les élèves autour, ouvrir aux poules le matin et les faire rentrer dans le poulailler le soir. Le midi, ils ont installé des chaises autour !
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Un jeu de carte pour maîtriser la nutrition végétale