Pour rendre hommage au professeur de lettres Dominique Bernard, que nous reste-t-il, sinon des mots dérisoires, mots ciselés et gravés dans la pierre, mots du silence, mots de la poésie ? Longtemps professeur-documentaliste dans l’Aude, Dominique Angelvy partage désormais sa passion de la poésie sur les réseaux sociaux où il diffuse chaque jour un texte méconnu. En voici un florilège : quelques morceaux choisis par lui à la mémoire de Dominique Bernard, notre collègue assassiné.
« Mes forêts sont mes espoirs debout
un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie
mes forêts
sont des nuits très hautes »
« j’aimerais un je collectif savant
fou curieux de notre trouble et fragile
humanité ici et là dans les livres et leurs ombres
ou meurtrie dans nos poitrines à chansons »
« Encore le vent qui défie le ciel
Je cherche avec lui les mots envolés (…)
Ils portent les bruissements des pas nomades
Ils me racontent l’errance des êtres étoilés »
« Le silence les protège
Et le cercle de l’oubli
Jusqu’au moment où se lèvent
Le soleil, les souvenirs.
Alors l’oiseau de son bec
Coupe en lui le fil du songe
Et l’arbre déroule l’ombre
qui va le garder tout le jour. »
« J’aurai vécu à profonde saveur,
Cherchant un peu de terre sous mes pieds
J’aurai vécu à profondes gorgées
Buvant le temps, buvant tout l’air du temps
Et tout le vin qui coule dans le temps. »
« Bleui ainsi que ton cœur éclaté en étoiles
filantes, il va, il se souvient
de tous les bataclans
de navires en perdition
et des cieux souterrains »
« soudain
rompant le silence
monterait le chant
d’un oiseau inconnu
passereau de l’âme
un instant renouée »
Florilège recueilli par Jean-Michel Le Baut
Juste un poème par Dominique Angelvy