Dans sa dernière note d’information « Un recours très répandu aux classes à niveaux multiples dans les écoles », la DEPP – Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance fait le point sur les classes à plusieurs niveaux. Sur les 48 950 écoles que compte la France, plus de 44 000 ont au moins une classe regroupant des élèves de différents niveaux d’enseignement. Trois millions d’élèves sont concernés, soit 44,9% des élèves pour 44,1% des classes. Très souvent, ce sont des écoles rurales, primaires ou de petites tailles. Et avec les dédoublements des classes de GS, CP et CE1 en éducation prioritaire, la part de ces classes à niveaux multiples a chuté, assure le servie statistique du ministère.
« À la rentrée 2021, plus d’une école sur trois dispose uniquement de classes à niveaux multiples et 90,0 % des 48 536 écoles en comptent au moins une » écrit la DEPP. « Sur l’ensemble du premier degré, 44,1 % des classes sont à niveaux multiples et 44,9 % des élèves y sont scolarisés, soit près de 3 millions ».
Souvent dans les écoles primaires, rurales ou de petites tailles, il n’existe que des classes à multiples niveaux – tels que des classes par cycle, ou des classes de CP-CE1. Ainsi, ce sont 94,5% des écoles rurales qui ont au moins une classe à niveaux multiples. Et dans six écoles sur 10, il n’y a que des classes à niveaux. C’est le cas dans seulement 12,5% des écoles urbaines. Elles sont aussi plus fréquentes dans le secteur public (90,4 %) que dans le privé sous contrat (86,5 %). « Les écoles publiques ont cependant moins souvent uniquement des classes à niveaux multiples. Ainsi, la proportion de classes à niveaux multiples est à peine plus élevée dans le public (44,3 %) que dans le privé sous contrat (42,8 %) » précise l’autrice de la note.
Classe unique et RPI
Si à la rentrée 2021, 7,2 % des écoles primaires et élémentaires ont une classe unique, elles étaient 29,5% dans les années 70. « Dans les écoles primaires et élémentaires, après une augmentation dans les années 1960, la proportion d’écoles à classe unique ne cesse de diminuer depuis les années 1970 : 29,5 % des écoles étaient alors à classe unique. Cette baisse s’explique par l’érosion des effectifs d’élèves en milieu rural et par le développement des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) ».
En milieu rural, la DEPP précise que deux organisations cohabitent. Les écoles en RPI et celles à classe unique. Dans les RPI, les communes font le choix de répartir différents niveaux d’enseignement entre elles au sein d’une entité commune. « Une école en RPI peut alors avoir une classe unique dispensant une partie des niveaux d’enseignement du premier degré, tandis que les autres niveaux sont proposés par les autres écoles du RPI » détaille le service statistique. Les écoles à classe unique hors RPI sont beaucoup moins nombreuses que celle en RPI, 672, contre 2 842. « Les classes uniques hors RPI sont plus souvent des écoles primaires et regroupent davantage de niveaux d’enseignement : 89,0 % de ces écoles accueillent au moins trois niveaux dans leur classe unique, contre 44,4 % pour les écoles à classe unique en RPI. En outre, dans les écoles à classe unique hors RPI, une école sur cinq regroupe sept à huit niveaux d’enseignement, tandis qu’en RPI ce n’est le cas d’aucune école à classe unique ».
Effet des dédoublements en éducation prioritaire
Dans les réseaux d’éducation prioritaire, « constitués d’écoles publiques implantées essentiellement en milieu urbain », 81,9 % des écoles de REP et 77,8 % de celles de REP+ ont au moins une classe à niveaux multiples.
Hors éducation prioritaire, 93,1% des écoles en ont au moins une. « La moindre présence des classes à niveaux multiples en EP s’explique notamment par le dédoublement des classes de GS, CP et CE1 » écrit la DEPP. « Dans les écoles de l’EP, la proportion de classes à niveaux multiples baisse fortement sous l’effet de ces dédoublements progressifs à partir de la rentrée 2017 : elle passe de 25,8 % en 2016 à 14,9 % en 2019 ». Une diminution qui, si elle s’opère surtout dans les niveaux dédoublés, s’observe également aux autres niveaux.
Si la proportion de classes à niveaux multiples est stable depuis 2020, elle augmente dans les écoles privées sous contrat, passant de 36,6 % en 2013 à 40,3 % à la rentrée 2021, souligne la DEPP.
Deux niveaux d’enseignement qui se suivent
« Les classes à niveaux multiples regroupent deux niveaux d’enseignement dans neuf cas sur dix et, dans la grande majorité des cas (93,7 %), ces niveaux se suivent ». C’est à l’école maternelle que l’on retrouve le plus de classes à niveaux multiples, l’organisation des apprentissages du cycle 1 s’y prêtant davantage. C’est 52,4% des classes qui sont à niveaux multiples en maternelle contre 37% des élémentaires. En élémentaire, ce sont les combinaisons par cycle qui prévalent (CE2-CM1-CM2 par exemple)
Bien souvent, ces classes ont des effectifs plus réduits que les classes à un niveau unique. « Elles comptent en moyenne 22,6 élèves contre 23,8 élèves pour les classes simples ».
Une répartition en fonction de l’âge et du niveau scolaire
Quant à la répartition des élèves, ce sont souvent les plus âgés d’une classe d’âge qui se retrouvent dans le niveau inférieur de la classe à double niveau en maternelle. Par exemple, un élève né en début d’année civile de niveau MS, s’il est affecté à une classe à double niveaux, se retrouvera bien souvent dans un MS/GS. « Ainsi, au niveau préélémentaire, parmi les élèves affectés au niveau inférieur d’une classe double, 34,3 % sont nés au premier trimestre, et 17,2 % au dernier. À l’inverse, 21,5 % des élèves affectés au niveau supérieur d’une classe double sont nés au premier trimestre et 28,1 % sont nés au dernier. Dans les classes simples, la répartition selon le trimestre de naissance est plus équilibrée. En élémentaire, la tendance est similaire, mais moins marquée ».
En CE1, ce sont souvent les élèves à l’aise scolairement qui sont affectés à une classe à plusieurs niveaux. « Les élèves fragiles ou en difficultés sont moins souvent affectés dans des classes doubles » constate la DEPP. « Ainsi, dans les écoles ayant au moins une classe de CE1 simple et une classe de CE1 double, les élèves de CE1 affectés dans les classes doubles présentent en moyenne moins de difficultés ou de fragilités pour lire un texte à voix ou résoudre un problème ».
Lilia Ben Hamouda