Deux albums pour rire des monstres qui, on le sait bien, se cachent sous les lits, dans les placards ou ailleurs dans la maison, particulièrement à l’heure où il faut dormir ! Des histoires qui parlent aussi, avec beaucoup d’humour, de vrais soucis que peuvent avoir nos loulous comme ne pas trop s’aimer ou avoir peur du noir. Pour les 2-8 ans.
Le monstre du placard n’aime pas ses fesses !, d’Antoine Dole, ill. Bruno Salomone, Ed. Actes Sud Jeunesse
On retrouve avec plaisir le monstre du placard, confronté, ici, à ses complexes. Il n’aime pas ses fesses, mais n’aime pas non plus son nez, ses yeux, ses dents, ni rien d’ailleurs. Contrarié par sa voix, il ne veut plus parler. Se trouve trop petit, trop gros. Et pourtant « moi, je le trouve trop choupinou, mon drôle de monstre. » Alors l’enfant lui montre, point par point, que ça n’a aucun sens. Son nez renifle le chocolat bien plus vite que les autres, ses petites dents sont plus faciles à brosser, ses yeux ne ratent aucune étoile filante… et ses fesses ? Faut-il vraiment avoir « des fesses de rêve » comme dans les magazines de maman ? Rassurer un monstre qui n’aime rien chez lui, c’est l’occasion de lui montrer tout ce qu’on aime, nous, chez lui. Et à la fin, qui est un peu complexé, en fait ? Le trait expressif, plein d’humour et de fantaisie donne vie à des personnages très attachants, qui, mine de rien et tout en rigolant, nous renvoient à nos propres inquiétudes quant à nous-mêmes, parlent de ces injonctions, ou l’idée qu’on s’en fait, qui sapent notre confiance en soi. Un belle conclusion qui pourrait bien aider plus d’un petit « nous, les petits monstres, on sait que tout le monde est parfait, à sa façon ! ».
Le jour où j’ai attrapé un monstre, de Tjibbe Veldkamp, ill. Kees De Boer, Ed. Les Arènes Jeunesse
Une délicieuse histoire pour l’heure du coucher, quand l’enfant tente par tous les moyens de jouer les prolongations alors que, côté parent, on aimerait bien que ça se passe vite. Alors, le temps de la lecture de l’histoire, c’est déjà une histoire. Et là, voilà comment ça commence :
Je vais te raconter une histoire courte.
– Pourquoi ?
– Parce que c’est l’heure d’aller au lit. L’histoire parle de toi.
Tu es allé te coucher. Fin de l’histoire.
– Oui, mais juste avant la fin, j’ai attrapé un monstre.
– Un monstre ?
– Mais oui, regarde …
S’ensuit une histoire de monstres à rebondissements, l’enfant trouvant chaque fois comment continuer… sans compter que même quand l’histoire est enfin terminée « tu dois la relire encore une fois ». Bref, du vécu, des sourires, de la tendresse, des échanges… et bien sûr, derrière cette histoire de monstres qui finit sous le lit, les peurs du noir, des cauchemars, de l’abandon au bord du lit. Un livre, donc, à lire à vos petits monstres qui devraient également apprécier les dessins aux couleurs douces comme avec la lumière de la veilleuse, la chambre pleine de monstres divers, et tous ceux qui peuplent les pages du livre. Le caractère tranquille du petit gars chasseur de monstres est très apaisant pour les grands trouillards.
Marion Katak