Amer constat pour le gouvernement : aucune des promesses phares ne sera tenue. Celle d’un professeur devant chaque classe à la rentrée puisqu’il manque un enseignant dans 58% des collèges et lycées. Celle des Remplacements de courte durée et de la réforme de la sixième (heures de soutien et Devoirs faits) puisque le pacte est majoritairement rejeté par la profession. C’est tout du moins l’analyse qu’en fait Yannick Trigance dans cette tribune qu’il signe dans le Café pédagogique.
Les grandes envolées lyriques et les promesses tant présidentielles que ministérielles de cet été ne sont plus que de belles chimères aujourd’hui dissoutes dans la réalité quotidienne de ce que vivent les équipes éducatives, les élèves et leur famille depuis le premier jour de la rentrée des classes.
Réalité particulièrement cruelle : c’est ainsi que selon un sondage réalisé par le SNES/FSU auprès de 508 établissements du secondaire entre les 1 er et 8 septembre, il manquerait au moins un enseignant dans 48% des collèges et lycées !
On mesure l’échec patent du « choc d’attractivité », échec pourtant prévisible : avec plus de 3100 postes non pourvus à l’issue des concours de recrutements 2023, une pseudo « revalorisation » consistant d’abord et avant tout à un « travailler plus pour gagner plus », des conditions de travail dégradées alors même que la baisse de la démographie permettrait d’améliorer les taux d’encadrement, une formation indigente dont on sait qu’elle aura dorénavant lieu à 100 % hors du temps de travail – pour partie en distanciel et « sécables » en petits bouts, comment imaginer un seul instant qu’un jeune puisse souhaiter se lancer dans une profession à ce point maltraitée, déconsidérée et dévalorisée ?
Et que dire du fameux « pacte », étendard ministériel brandi comme étant « historique » alors même qu’il relève en premier lieu d’un reniement d’une promesse présidentielle d’augmentation de 10% sans augmentation de la charge de travail pour des enseignants qui, rappelons-le, dispensent beaucoup plus d’heures que leurs collègues de l’OCDE, près de 2000 heures de plus dans le premier degré par rapport à leurs homologues allemands tout en coûtant 53,73% moins cher !
Terrible échec confirmé également avec l’enquête menée par le SNPDEN/Unsa auprès de 2750 principaux et proviseurs et rendue publique tout récemment : 30% des établissements n’ont à ce jour aucun pacte signé, 54% des collèges et lycées ont moins de 10% de pactes signés avec au total un taux moyen de 23% de pactes signés.
Quel désaveu ! Et, plus terrible encore, quel discrédit de la parole politique qui au final, après des annonces sans lendemain lancées dans les médias et dans l’opinion publique relativement aux remplacements et au dispositif « devoirs faits », placent les équipes éducatives dans des situations extrêmement difficiles face aux élèves et à leurs parents !
En fragilisant ainsi notre école publique à coups d’annonces sans lendemain, le président de la République et son ministre de l’éducation nationale contribuent à la décrédibiliser, accentuant la détresse de ses personnels et de ses élèves aujourd’hui confrontés à la mise en place d’un système éducatif néo-libéral aux antipodes d’une école de tous pour tous.
Inacceptable et irresponsable.
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Ile-de-France