Lors de sa traditionnelle conférence de rentrée, le SNPDEN, principal syndicat des chefs d’établissement, s’est appuyé sur une enquête envoyée à ses adhérents. Plus de 2 750 réponses – soit 35% des établissements – permettent au syndicat de présenter une photographie assez réelle de ce qui se passe en cette rentrée dans les établissements du second degré.
Pour le syndicat, la communication ministérielle est à revoir. « Il y a un souci de temporalité » explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN. « Les annonces arrivent à nous en même que tout le monde, cela met les chefs d’établissement en difficulté ». Selon l’enquête du syndicat, 83% des chefs d’établissement se disent insatisfaits de cette communication. Près de 60% déplorent la clarté et la qualité de celle-ci. Pour autant, le responsable syndicale note « du mieux » depuis cet été – nomination de Gabriel Attal. Pour rappel, le ministre avait organisé une réunion à distance avec l’ensemble des directions des collèges et lycées avant la rentrée, chose assez rare. « On note une volonté d’échanger et de nous interroger vraiment de la part du ministre » déclare Bruno Bobkiewicz. « Il est dans un discours de reconnaissance de notre rôle au sein de l’institution. Cela fait du bien à la profession que nous représentons ».
En cette rentrée, deux sujets de satisfaction pour le syndicat : le report des épreuves de spécialité au mois de juin et la clarification du statut de l’abaya et du qamis. « Dans de très nombreux endroits ca a évacué le sujet. Les chefs d’établissement ne seront plus attaqués sur une prise de position qui était considérée comme la leur ».
Un enseignant au moins manque dans 58% des établissements
Avant le 1er septembre, il manquait au moins un enseignant dans 68% des collèges et lycées. Au 1er septembre, c’était 58%. « Si on enquêtais aujourd’hui, ces chiffres seraient surement moins importants. Mais ça reste compliqué. Il y a une pénurie de candidats même contractuels ». « La promesse du Un prof devant chaque classe n’est donc pas tenue. Et c’est celle d’un président… » dénonce le secrétaire général. « L’écart entre ce qui est dit et la capacité à ce que cela soit réellement réalisé crispe la profession. Les collègues savaient que ce n’était pas possible. Personne ne pouvait garantir qu’il y aurait des professeurs à la rentrée ». Le SNPDEN s’inquiète aussi des effets du manque de professeurs sur le reste de l’année. « Il y a de quoi avoir des inquiétudes. Les remplacements longs poseront des difficultés. Comment les remplacer s’il n’a plus de remplaçants ? Il faut tout le monde tout le temps et non pas seulement au 1er septembre ».
Le syndicat alerte également sur le manque d’AESH. « Surtout en Ile-de-France, où 50% des postes étaient vacants à la rentrée ».
Le pacte fait pschitt
Selon l’enquête du syndicat, dans 53% des collèges et lycées, c’est moins de 10% de l’enveloppe du pacte qui a été signée. Dans 30%, c’est 0 pacte signé. Dans 15%, la moitié des enveloppes a été utilisée. « À ce stade dispositif qui n’a pas forcément trouve son public » ironise Bruno Bobkiewicz dont le syndicat était opposé à la mise en œuvre du Pacte. « Cela va mettre le système en difficulté car les annonces faites ne pourront pas fonctionner. Devoir faits, le soutien en sixième et une grande partie de la réforme du lycée professionnel dépendent du nombre d’enseignants engagés ». Quant au remplacement de courte durée, là encore, au vu du taux d’absorption (nombre de pactes signés par enveloppe allouée dans un établissement), peu de chances que tous les élèves n’aient plus de trous dans leur emploi du temps.
« Il y a une forme d’allergie collective au Pacte » soutien le responsable syndical qui estime que le dispositif est mal nommé et qu’il a bénéficié d’une communication lamentable. « Faire l’amalgame entre revalorisation et Pacte était une très mauvaise idée. Les enseignants ont très vite dit non ».
En tout seulement 23% des briques ont été consommées.On est loin des 30% de profs pactés promis par le précédent ministre.
Sur les briques Remplacement de courte durée (RDC), briques prioritaires, Bruno Bobkiewicz juge que la rue de Grenelle a commis une erreur en refusant l’auto-remplacement. « Un professeur ne peut pas se remplacer lui-même. Jusque-là c’était possible en HSE. L’auto-remplacement permettait à un enseignant d’être dans une forme d’auto-gestion. S’il est absent, il se remplace plus tard en étant payé 68 euros de l’heure. Mais comme la priorité, c’est de boucher les trous, que les élèves ne rentrent pas chez eux en disant qu’ils ont eu deux heures de trou, on a interdit l’auto-remplacement. C’est dommage ».
Et puis, le SNPDEN note un changement de discours entre le ministère Pap Ndiaye et celui d’Attal. « La précédente équipe voulait consommer du pacte coûte que coûte. Aujourd’hui c’est focus sur les RDC ».
C’est dans les lycées professionnels que les pactes ont été le plus signés avec 28% des briques absorbées précise Bruno Bobkiewicz. « En Lycée Professionnel, c’est souvent car les missions étaient déjà assumées, parfois bénévolement . En collège, ce sont 25,53% et au lycée 15,05%.
Dans 62% des collèges, les professeurs des écoles interviendront sur le dispositif « soutien et approfondissement en 6ème» et 34% sur « devoirs faits ». « En tout cas, dans ces établissements, au moins un professeur des écoles assumera une de ces missions. S’il y a 7 classes de sixième, peu de chances que cela suffise… »
Le syndicat indique avoir expressément demandé au ministère que les chefs établissement ne soient pas évalués sur le taux de pactes vendus. « On propose le dispositif car nous sommes les représentants de l’État et que c’est l’une de ses priorités ». « Nous ne sommes ni comptables ni responsables de ces taux » prévient Bruno Bobkiewicz.
Lilia Ben Hamouda