Ce jeudi 7 septembre 2023, Emmanuel Macron réunit la troisième session plénière du Conseil national de la refondation (CNR) en présence d’Élisabeth Borne et de membres du Gouvernement. Pas vraiment une réussite, tant au niveau national que territorial, le CNR peine à convaincre, tout particulièrement les équipes éducatives dans les écoles, collèges et lycées. Sur les 500 000 millions consacrés, seulement 48 millions ont été débloqués. Un échec établit par la Cour des Comptes dans un rapport publié en juillet dernier.
Selon l’Élysée, « 19 000 écoles et établissements scolaires sont engagés dans la démarche, avec 8 700 projets déposés ». Pourtant, dans un rapport sénatorial paru en juillet, les élus dressent un bilan tout autre. « Au 13 juin, 1 900 projets ont été validés sur les 5 954 projets déposés » écrivaient les rapporteurs. Quel que soit le nombre réel de projets labélisés CNR, bon nombre d’entre eux sont antérieurs à 2022 de l’aveu même du ministre de l’Éducation nationale. L’effet CNR n’est donc pas vraiment significatif.
Une généralisation sous pression ?
Pour autant, le Président devrait annoncer vouloir « accélérer, amplifier, aller encore plus loin » explique-t-on dans son entourage sans évoquer clairement une généralisation. « Cette démarche, telle qu’elle a été initiée sur la base du volontariat, demeurera. L’idée, et d’ailleurs le ministre l’a déjà évoqué, c’est que, précisément, on puisse prioriser les fonds, comme, par exemple, l’annonce qui a été faite hier, par rapport au fonds de rénovation des bâtis scolaires, à des projets ou à des établissements qui auront un projet CNR ». Autrement dit, pour bénéficier du fonds de rénovation énergétique, il faut avoir un projet CNR en cours. Comment forcer la main aux équipes…
Une brique contre un CNR
« Construire un projet ça prend beaucoup de temps parce qu’il faut d’abord faire un diagnostic sur ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas dans l’école… Cela veut dire que les profs passent des heures à travailler entre eux, à travailler avec l’équipe de l’établissement, parce que le diagnostic doit être construit avec toute la communauté éducative autant que possible avec les parents d’élèves, avec les élèves eux- mêmes, avec les élus, avec les associations » explique-t-on à l’Élysée où on a l’air de découvrir l’intérêt du travail collectif. C’est l’occasion pour l’exécutif de caser une brique du Pacte qui tarde tant à créer des émules chez les enseignants et enseignantes. « Après tout, c’est du travail, c’est des heures en plus. Et en fait ce que les enseignants demandent le plus, en tout cas dans les centaines de projets avec lesquels on a échangé ou qu’on a visités, c’est du temps, plus que de l’argent, du temps de collaboration, du temps de formation, du temps de préparation. Et ce temps, il peut aussi être obtenu ou gratifié par le pacte enseignant ».
Pour fonder leur diagnostic les équipes devront se fonder sur « toute la matière des évaluations et de l’auto-évaluation qui ont été déployées ces dernières années depuis Jean-Michel Blanquer ».
Une École moins jacobine
Pour l’équipe présidentielle, le CNR est l’occasion de revoir toute l’organisation de l’École qui deviendrait « moins jacobine ». « Les inspecteurs sont un peu moins inspectant et un peu plus accompagnant, un peu plus ingénieurs de projet, un peu plus fertiliseurs. Et donc, l’idée, c’est de transformer aussi la hiérarchie de l’Éducation nationale pour faire en sorte que tout ce management intermédiaire, ces inspecteurs de l’Éducation nationale, ces inspecteurs pédagogiques régionaux, ces conseillers pédagogiques de circonscription, ces chefs d’établissement soient vraiment des accompagnateurs des gens qui qui font grandir et fertilisent ces projets ».
Lilia Ben Hamouda