À quelques jours de la rentrée scolaire, Gabriel Attal fait des annonces qui touchent le « Grand oral » du bac : le report des épreuves de spécialité au mois de juin vient enlever la possibilité offerte de consacrer les dernières semaines de l’année à une préparation spécifique de l’épreuve ; la suppression de la dernière partie du « Grand oral » (les 5 minutes durant lesquelles l’élève devait présenter son projet professionnel) pose aussi question. Réactions de Claire Berest, professeure de lettres et examinatrice du Grand Oral…
« Dans un courrier expédié le 28 aout aux enseignant.es, le nouveau ministre de l’Education Nationale revendique « un principe simple : quand une organisation ne fonctionne pas, il faut avoir le courage de la faire évoluer. ». Dont acte. On ne reviendra pas sur l’errance de 3 ans nécessaire pour que « le courage » l’emporte, enfin, et les générations de lycéens et lycéennes qui furent les cobayes de ces dysfonctionnements pourtant annoncés.
Mais une autre formule retient aussi l’attention des enseignant·es : « Parallèlement, je souhaite aussi renforcer l’exigence disciplinaire du grand oral et permettre la reconquête du mois de juin pour l’ensemble des lycéens, y compris ceux en classe de Seconde ». Formule étrangement sibylline dont on se demande quels ajustements elle annonce. Allusion sans doute à la suppression annoncée des 5 minutes d’entretien sur la présentation du projet d’orientation, qui ne portait de fait aucune exigence disciplinaire, et, pour rappel, n’avait pas vocation à être évaluée ; elle ne dit rien en revanche d’une nouvelle organisation du Grand oral qui, de facto, passerait de 20 à 15 minutes. Faut-il s’attendre dès lors à un allongement de la première partie de l’oral (réponse en 5 minutes à une question préparée par l’élève), à un allongement de la seconde partie de l’oral (entretien de 10 minutes) ? Faut-il plutôt s’attendre à la disparition du ou de la membre du jury « non spécialiste », dont l’écoute « candide » portait moins sans doute sur les savoirs savants que sur les qualités orales ? Cet ajustement, d’ailleurs, résoudrait les problèmes organisationnels probablement pas encore anticipés mais que l’annonce de la modification du calendrier des épreuves anticipées ne manqueront pas de poser.
En effet on voit mal comment mobiliser sur une même période des correcteurs·trices à la fois pour le grand oral, les épreuves de spécialité, les épreuves anticipées de français, l’épreuve de philo… pourrait devenir subitement techniquement possible et plus encore compatible avec « la reconquête du mois de juin pour l’ensemble des lycéens, y compris ceux en classe de Seconde ». Depuis la mise en place du Grand oral, les modalités de celui-ci n’ont cessé de flotter, sans logique bien souvent. Il semble que l’on en n’ait pas encore fini…
Claire Berest