Alors que le nouveau ministre assurera sa conférence de presse de rentrée lundi 28 août, c’est dès dimanche qu’il a fait ses annonces concernant l’École dans le 20 heures de TF1. Épreuves de spécialité en juin et interdiction des abayas sont les deux déclarations à retenir de cette intervention.
« Il y a eu des avancées avec la réforme du baccalauréat » justifie le Ministre qui reconnait toutefois que le passage des épreuves en mars « n’a pas fonctionné ». « Nous avons donc décidé, le Président, la première ministre et moi, que ces épreuves seraient décalées en juin pour assurer une meilleure continuité pédagogique ». Dès cette année scolaire, les élèves de Terminale plancheront donc sur leurs épreuves de spécialité en juin, ce qui ne changera rien au processus de sélection Parcoursup assure le ministre.
Attendue depuis le printemps dernier par les enseignants et leurs syndicats, l’annonce du recul des dates des épreuves de spécialités est un désaveu de la réforme Blanquer – voulue par Emmanuel Macron.
Pour les syndicats, c’est une avancée. « C’est une annonce qui va dans le bon sens et qui va desserrer l’étau du calendrier pour nos élèves et nos collègues » se réjouit Sophie Vénétitay. « C’est aussi et surtout le résultat de notre mobilisation et de notre travail de conviction pour montrer les méfaits du bac Blanquer. Mais le dossier bac n’est pas clos. Il reste par exemple le sujet du contrôle continu qui fait aussi beaucoup de mal à nos métiers en transformant la relation pédagogique avec nos élèves dans un marchandage de notes permanent. Le Snes-Fsu avait alerté dès la mise en place de la réforme des problèmes à venir. Emmanuel Macron s’est enfermé par dogmatisme idéologique et a envoyé plusieurs générations d’élèves dans le mur ». Et la responsable syndicale avertit, « pour toutes les mesures contestées actuellement, c’est aussi une des conclusions que doit entendre Gabriel Attal, il faut entendre nos alertes qui sont, elles, ancrées sur le terrain ».
Au Se-Unsa, on reste méfiant. « Ce déplacement peut résoudre quelques difficultés comme la démotivation des élèves ou la faisabilité des programmes, mais cela restera à vérifier » nous déclare Elisabeth Allan-Moreno. « Mais il va sans doute générer d’autres difficultés qui n’ont pas été anticipées. Pour le SE UNSA, cette façon de travailler qui devient habituelle dans notre ministère, illustre une absence de réflexion globale sur le bac et l’année de terminale, une absence de réflexion dans une dimension systémique ».
Interdiction des abayas
Alors que Pap Ndiaye avait balayé d’un revers de main l’idée de statuer sur le port des abayas, son successeur déclare que dès la rentrée prochaine les abayas seront interdites dans les établissements, « les chefs d’établissements attendent une règle claire, nous la leur donnons ». Une annonce qu’il avait déjà faite devant les recteurs à qui il avait promis que qu’il leur fera « part de façon formelle et dans les tous prochains jours de la conduite à tenir pour la rentrée en la matière ». « Notre école est testée. Ces derniers mois, les tenues religieuses, comme les abayas ou les qamis, ont fait leur apparition dans certains établissements. La fermeté de la réponse de l’école est mise à l’épreuve par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir, face aux attaques, face aux tentatives de déstabilisation. Nous devons faire bloc. Et nous allons faire bloc » avait assuré le Ministre lors de la réunion de rentrée des recteurs.
Autres annonces
S’agissant des remplacements, le Ministre, qui compte sur les signataires du Pacte pour les assurer, ajoute qu’ « il faut aussi balayer devant sa porte. La moitié de ces absences est liée à des contraintes administratives et à la formation. On va simplifier ces contraintes ». Sur la rémunération des enseignantes et enseignants, Gabriel Attal reprend les propos du Président, « c’est une revalorisation inédite depuis les vingt ou trente dernières années. Chaque enseignant gagnera au moins 125 euros de plus par mois dès septembre ». Revenant sur l’annonce présidentielle d’une rentrée dès le 20 août, Gabriel Attal estime qu’il y a là un « enjeu d’égalité des chances ». Il propose de généraliser les dispositifs de stages de réussite qui existent déjà pour tous les « élèves en ayant besoin et volontaires ». « Aujourd’hui 40 000 enseignants sont engagés dans ce dispositif » a-t-il ajouté espérant attirer plus de volontaires car leur rémunération est « doublée » dans le cadre du Pacte.
Lilia Ben Hamouda