C’est la fin de l’année scolaire. Ca y est. Après 36 semaines passées ensemble, l’heure des adieux est arrivée. Pour les enseignants de l’école primaire, c’est très souvent dans l’émotion que se font ces « au revoir ». 24 heures par semaines, ça fait quand même 864 heures – au minimum – de partagées. Dans beaucoup d’école, ces adieux passent par une fête de fin d’année : spectacle ou kermesse, l’occasion de se retrouver, parents, enseignants et enfants autour d’un moment convivial. Un moment convivial qui est, pourtant, souvent le résultat d’un projet mené pendant une bonne partie de l’année. À Ecouen, c’est dans le cadre de la fête de la musique qu’a eu lieu le spectacle de fin d’année et la restitution de tout un travail avec l’association « À qui le tour ».
Dans cette petite ville d’un petit plus de 7 000 âmes du Val d’Oise, samedi 24 juin, c’était la fête de la ville. « Cela faisait longtemps que l’on souhaitait faire coïncider fête de la ville et spectacle de l’année, on a réussi cette année » se réjouit Marianne Bonnevin, directrice de l’école Jules Verne. Nichée entre une cité et un quartier pavillonnaire, cette école est toujours à l’affut d’un projet pour rendre acteurs les élèves. Cette année, c’est avec l’association « À qui le tour » que l’équipe pédagogique – enseignantes et équipe du périscolaire – s’est engagée dans tout un travail autour de la musique : danse et composition étaient au programme des classes de CP, Ce1, Ce2 et Cm2. Mais pas n’importe quelle musique, un savant mélange entre le hip hop et baroque.
Quand le hip hop rencontre le baroque
C’est en juin 2022 qu’Émeline Arnould, de l’association « À qui le tour » a contacté Marianne Bonnevin ainsi que l’équipe de l’école Paul Serre pour leur proposer de travailler ensemble sur un projet. « Nous sommes un pôle de diffusion et de pratiques de musique actuelle » nous explique la responsable de l’association. « Nous menons au moins un projet par an avec une école ».
Avec l’école Jules Verne, ce sont des ateliers de danse baroque/hip hop qu’a mené l’artiste chorégraphe Abibou Playmo Kebe. « On a commencé en janvier, on a fait vingt séances en tout avec les classes de Cp, Ce1 et Ce2 ». La classe de Cm2 a pour sa part eu droit à vingt séances avec le musicien beatmaker Little Jean-Philippe Montrose, un des pionniers du hip hop en France, qui travaille d’ailleurs avec beaucoup d’artistes contemporains. « Little a accompagné les élèves dans les choix de morceaux à sampler. Il fallait réussir le pari de mélanger des sons baroques et des sons hip hop ». Un pari réussi : les élèves de CP, Ce1 et Ce2 ont dansé sur des sons composés par leurs camarades.
Au niveau pédagogique, « c’était l’occasion de travailler sur l’art baroque » raconte la directrice. « On a le château d’Ecouen à quelques centaines de mètres de l’école, on en a donc profité pour découvrir les superbes tentures représentant des scènes de danse qui y sont exposées ». Mais les acquis des élèves, c’est surtout, comme bien souvent dans ce type de projet, au niveau des compétences transversales que Marianne Bonnevin les trouve les plus impressionnants. « Outre le langage et la découverte culturelle autour de la danse, les élèves se sont appropriés leur corps, ils ont travaillé la coordination… Ils ont aussi, en seulement douze semaines (ndlr : le temps des séances), beaucoup gagné en termes de confiance en eux. Les garçons qui ne voulaient pas danser au début se sont éclatés sur scène ». Marianne Bonnevin note d’ailleurs que beaucoup des élèves agités en classe étaient très respectueux lors des séances. « Ils étaient complétement acteurs du projet. Ils faisaient plaisir à voir »
Un rap pour parler harcèlement
Avec l’école Paul Serre, c’est dans le cadre de la fabrique à musique de la Sacem que le projet a été monté. « C’est sur le harcèlement qu’ont décidé d’écrire les élèves de Cm2. Le choix nous a semblé opportun après discussion avec les élèves. Ils ont pu en parler avec leurs propres mots. C’était très intéressant » raconte Émeline Arnould. Après vingt heures d’ateliers d’écriture, les élèves ont composé un rap dont les paroles sont pleines de sagesse. « C’est d’l’acharnement. Les mots sont violents. On l’dit tranquillement. Non ! Au harcèlement » a entonné sur scène le premier groupe de chanteurs. « Leurs terrains d’jeux, ce sont les réseaux. Ils peuvent détruire avec des messages. Nous sommes en guerre contre ce fléau. Il cause énormément de dommages », le second groupe.
Samedi 24 juin à 19h, ce sont donc 47 enfants de l’école Jules Verne et une vingtaine de Paul Serre qui se sont retrouvés sur scène. « C’est tout de même génial de voir comme nos enfants sont heureux avec leurs enseignants, comme ils sont à l’aise. Ils leur donnent accès à un monde de rencontres et de découvertes » confie Anissa Ugwe, maman d’Ella qui a dansé et d’Isaaq qui a composé la musique.
Lilia Ben Hamouda
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