Alors que les frais de scolarité dans les établissements français connaissent une hausse importante – 42% sur 10 ans, les budgets alloués aux bourses à destination des familles les plus populaires restent quant à eux constants. Un dossier dont s’est saisi le député Karim Ben Cheikh dans une question au gouvernement.
Depuis une dizaine d’année, les frais de scolarité augmentent dans les établissements français à l’étranger. Pour 2022-23 la hausse moyenne observée est de 8% pour les établissements à gestion directe (68 établissements sur les 566) et de 6% pour l’ensemble du réseau. Ces établissements permettent et garantissent aux jeunes Français un enseignement identique à l’enseignement dispensé en France tout en accueillant des élèves étrangers, dans une démarche de rayonnement et d’influence de la France à l’étranger. La demande de scolarisation est croissante dans un contexte de mise en concurrence entre établissement et la hausse des frais mène à une perte de mixité sociale dans les établissements scolaires. A ce jour, il s’agit de 390 000 élèves dans 566 établissements du réseau implantés dans 138 pays.
En effet, l’augmentation croissante des frais de scolarité rend inaccessible l’accès aux établissements à des classes populaires, voire moyennes, désormais exclues de ces établissements. Les frais d’inscription peuvent s’élever jusqu’à 25 000 euros par an au lycée français de New York et autour de 4000 euros pour un collégiens ou lycéen dans un pays du Maghreb. Au Maroc, les frais d’inscription représentent par exemple un smic par mois ou la moitié d’un salaire médian.
Et un budget de bourse constant dans une contexte d’inflation
Un système de bourse, pour prendre en charge une partie des frais d’inscription est mis en place pour ne pas exclure les Français établis à l’étranger les plus vulnérables face à la cherté des frais d’écolage. Cette année, selon plusieurs remontées de terrain, les budgets alloués ne permettront pas de répondre aux besoins. En Espagne par exemple, le nombre de boursiers a chuté.
L’enveloppe de l’AEFE était de 416 millions d’euros en 2012 et dix ans plus tard en 2022, elle s’élève à 417 millions d’euros, soit un budget quasi constant avec une enveloppe des bourses insuffisante malgré une augmentation des demandes. Les frais de scolarité quant à eux ont augmenté de 40% sur la même période, dans un contexte d’inflation et de variation du taux de change. L’accessibilité à l’école française n’est donc pas possible pour les classes sociales moyennes et défavorisée.
La question au gouvernement du député Karim Ben Cheikh
Le 30 mai 2023, le député Karim Ben Cheikh, député NUPES Génération.s, de la 9e circonscription des Français établis hors de France a interpellé « le gouvernement sur la situation particulièrement inquiétante des bourses scolaires pour les Français habitant à l’étranger, et notamment les familles boursières dont certaines ont dû quitter l’école faute de pouvoir payer les frais d’écolage ». Il pose la question de l’urgence d’obtenir un budget supplémentaire pour les bourses, budget pourtant à la baisse, dans un contexte de hausse des frais d’inscription et d’inflation, afin que l’Etat garantisse l’accès aux enfants à un établissement français quelle que soit leur origine sociale. Le député critique « la hausse des frais de scolarité actuelle qui rend la mixité de plus en plus difficile« . Il rappelle qu’à l’époque où lui même était élevé, des familles pouvaient bénéficier d’exonérations totales de frais de scolarité seule condition d’accessibilité. Or elles ont disparu. Karim Ben Cheikh dénonce la situation existante et veut « protéger l’enseignement français contre la dégradation du service public, la perte de mixité et la privatisation du réseau d’enseignement ».
Djéhanne Gani
La question du député Karim Ben Cheikh