De l’enseignement en France à la formation à l’étranger, il n’y a qu’un pas, que Gwennaël Petillat a sauté avec sa famille il y a quelques années. Dans la zone Moyen-Orient de l’AEFE puis en Amérique du Nord, les priorités restent les mêmes : le bien-être général, l’accompagnement des enseignants débutants, la prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers, la promotion de l’activité physique et l’adaptation au pays hôte. Gwennaël Pétillat a bien voulu raconter sa riche expérience au Café pédagogique.
Enseignant puis formateur, cela fait presque vingt ans que Gwennaël Petillat travaille pour l’Éducation Nationale. Ces dernières années, il a découvert l’AEFE. En tant que conseiller pédagogique, il a formé des collègues enseignants et continue à le faire dans les établissements français homologués à l’étranger. Ce qui lui a permis de rencontrer des équipes pédagogiques motivées dans une vingtaine de pays du monde sur les zones Moyen-Orient, Péninsule Indienne et Amérique du Nord. Il est passionné par l’enseignement des sciences, des mathématiques et de l’EPS, mais aussi par l’éducation par et au numérique à l’école. La bienveillance, le bien-être des équipes pédagogiques et des élèves, l’aménagement des espaces et la prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers sont pour lui des priorités à prendre en compte au cours de chaque action de formation.
Quand votre expérience à l’étranger a-t-elle commencé et quelle est sa trajectoire ?
Pour ma part, elle a commencé, avec ma famille, en 2016 après une dizaine d’années d’enseignement et de formation en région parisienne à Mantes-la-Jolie. Le pas à franchir est important entre l’envie de partir et la réalité du départ ! Un nouveau pays, une nouvelle zone, un nouveau logement et de nouvelles rencontres, cela peut être stressant tant les démarches et les obstacles sont importants, mais l’adrénaline de l’écriture d’une nouvelle page de notre vie nous fait aller de l’avant ! Après sept années passées au sein du réseau des établissements AEFE, cette aventure est toujours aussi extraordinaire ! Elle m’a permis de découvrir deux zones mondiales (presque 20 pays au total) avec des points de convergence mais aussi de nombreuses différences. En effet, j’ai exercé pendant 5 ans en tant que conseiller pédagogique au Moyen-Orient et au sein de la péninsule indienne et j’exerce maintenant sur la zone Amérique du Nord.
Quelles rencontres vont ont marqué ?
J’ai pu rencontrer de nombreux enseignants détachés par le ministère de l’Éducation Nationale, mais aussi des enseignants recrutés localement. Ces derniers travaillent parfois depuis longtemps dans les établissements français à l’étranger et en sont la mémoire. Ces rencontres sont passionnantes et très instructives afin de mieux connaître l’histoire des établissements et les parcours professionnels de ces enseignants qui sont souvent atypiques. D’autres collègues, moins aguerris aux métiers de l’enseignement « à la française », sont encore en plein apprentissage du métier de professeur des écoles. Personnellement, leur accompagnement est ce qui me motive le plus dans le métier de formateur à l’étranger. En participant à l’élaboration de deux parcours M@gistère, en collaboration avec le bureau de la formation et de l’innovation de l’AEFE et le réseau Canopé, pour ces professeurs à professionnaliser nous avons développé des outils hybrides de formation afin d’aider les enseignants locaux à se professionnaliser pour « intégrer les attendus du système éducatif français » et pour « consolider leur pratique dans le cadre de l’enseignement français à l’étranger ».
Les priorités pédagogiques à l’étranger sont-elles les mêmes qu’en France ?
Certains dossiers prennent également une dimension toute particulière à l’étranger avec des personnels et des familles aux cultures et aux habitudes bien différentes. Cela a un impact concret sur l’accompagnement des élèves aux besoins éducatifs particuliers, sur le climat scolaire et sur la bienveillance au sein des établissements et des classes. Depuis plusieurs années, j’essaie de promouvoir « des dispositifs » existant en France (comme les RASED) et « des outils » afin d’aider les équipes pédagogiques (différents plans d’accompagnement des EBEP). Pour répondre le plus efficacement possible aux besoins des élèves, je propose aussi aux enseignants de repenser les espaces de leurs classes, d’utiliser du matériel flexible et de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques.
Y a-t-il, entre toutes, une préoccupation éducative qui vous semble plus que jamais centrale ?
Je voudrais finir par un enjeu majeur pour la communauté scolaire, dans cette période postpandémique : l’éducation physique et sportive et le parcours santé des élèves. Partout dans le monde, les constats sont identiques dans les établissements français à l’étranger et en France : les élèves sont de plus en surpoids et leur pratique physique est de moins en moins importante. Troisième volume horaire de nos programmes, cette discipline doit rayonner au sein de tout le réseau AEFE (projets, rencontres, spécificités, Activités Physiques Quotidiennes, etc.) et s’enrichir des pratiques sportives locales.
En conclusion, lorsqu’on part enseigner et former à l’étranger, l’aventure est exceptionnelle si nous voyons le bon côté des choses, c’est-à-dire en minimisant les obstacles et les contraintes, tout en prenant conscience que les établissements français à l’étranger AEFE sont accueillis au sein de pays hôtes qu’il est important de valoriser.
Propos recueillis par Hans Limon