Sur 8174 postes offerts aux concours de professeurs des écoles, seulement 6837 ont été pourvus (sans l’académie de Mayotte). Soit une perte de 1 264 postes pour le premier degré dès la prochaine rentrée.
Alors que le Ministre promet un choc d’attractivité depuis plusieurs mois, il n’aura définitivement pas lieu cette année. 1 264 postes resteront vacants à la prochaine rentrée, soit plus d’un sur six.
Dès le 16 mai dernier, le Café pédagogique alertait sur le nombre de postes perdus aux différents concours du professorat. Avant même le passage des candidats admissibles devant les examinateurs, le premier degré perdait 961 enseignants.
C’est dans les académies de Créteil, Versailles et la Guyane que l’hémorragie est la plus forte ( à l’heure où nous publions cet article, les résultats de l’admission à Mayotte ne sont pas encore tombés. Il y a 254 admissibles pour 159 postes). L’académie de Créteil perd 561 postes, celle de Guyane 115 (Soit près de 70% des postes ouverts au concours) et Versailles, 707. Ces chiffres sont ceux du CRPE (Concours de professeurs des écoles) externe.
Ouverture des listes complémentaires sous la pression syndicale
Les syndicats, en réunion avec au ministère le mardi 20 juin, ont demandé que les listes complémentaires soient ouvertes dans les académies qui en ont une. Une demande accordée par le Rue de Grenelle. L’année dernière déjà le Ministre avait concédé l’ouverture de ces listes. Les enseignants recrutés sur liste complémentaire deviennent fonctionnaires stagiaires comme les lauréats sur liste principale. C’est une victoire pour les syndicats même si elle est en demi-teinte.
Selon le SNUipp-FSU, qui décompte 1534 postes perdus en incluant les concours internes, exceptionnels…, « 87% des listes complémentaires vont être ouvertes dans les jours qui viennent. Les recteurs ont eu l’autorisation du ministère ». « Même si cela donnera du souffle dans plusieurs académies, cela ne suffira pas » explique la porte-parole du syndicat, Guislaine David. Par ailleurs, le syndicat rappelle que depuis 2013, « tous les concours ont été marqués par des pertes massives de recrutements, 8491 au total en 10 ans, essentiellement sur les académies de Créteil et de Versailles ». Une situation sur laquelle le syndicat – qui évoque une « crise structurelle et multifactorielle » – dit n’avoir eu de cesse d’alerter. « La dégradation des conditions de travail, la réduction des droits des personnels, le déclassement salarial, la perte de sens du métier sont autant d’éléments qui contribuent à la désaffection du métier et entraînent de fait le recrutement de personnels contractuels en nombre croissant » ajoute-t-il.
Au SE-Unsa aussi, on n’est guère surpris. « La crise du recrutement est devenue une véritable hémorragie que rien ne vient stopper. L’École publique est aujourd’hui en urgence absolue. L’heure n’est plus aux pansements des premiers secours. Il est vital que le ministère de l’Éducation nationale réagisse et prenne des mesures concrètes et réellement efficaces » écrit le syndicat qui indique avoir alerté depuis plusieurs années sur « la gravité de la situation » et qui « réclame un travail de fond sur l’attractivité des métiers de l’Éducation nationale, avec une politique de recrutement pluriannuelle et visible. Il faut des mesures rapides et fortes pour enrayer la gravissime dégradation des conditions d’exercice des personnels et d’apprentissage de nos élèves ».
Pourquoi un tel delta entre les postes offerts et les besoins ?
Le nombre de places au concours est arrêté par le recteur, en fonction de ses besoins – mais aussi en fonction des enveloppes allouées. Celui-ci en fonction des effectifs prévoit un nombre de postes dans un contexte de baisse démographique mais aussi d’austérité. Mais les besoins ne sont pas toujours anticipables. Disponibilité, rupture conventionnelle, démission sont de plus en plus fréquentes. Autre besoin que les rectorats ne pouvaient anticiper : les départs à la retraite à la date anniversaire dès le 1er septembre pour les professeurs des écoles.
Les résultats des concours du second degré ne devraient pas tarder à tomber. Là aussi, il manquera des enseignants. Avant même le passage des épreuves d’admission, 104 candidats au Capes allemand et 87 au Capes lettres modernes manquaient à l’appel.
Lilia ben Hamouda
Résultats du CRPE 2023
Postes | Admis | Postes en + ou – | Liste complémentaire | |
Aix | 365 | 365 | 69 | |
Amiens | 230 | 230 | 26 | |
Besançon | 102 | 102 | 55 | |
Bordeaux | 243 | 243 | 59 | |
Clermont | 73 | 73 | 31 | |
Corse | 20 | 24 | + 4 | 5 |
Créteil | 1166 | 605 | – 561 | |
Dijon | 178 | 178 | 68 | |
Grenoble | 410 | 410 | 60 | |
Guadeloupe | 30 | 29 | – 1 | 3 |
Guyane | 165 | 50 | – 115 | |
Lille | 520 | 520 | 38 | |
Limoges | 58 | 58 | 20 | |
Lyon | 453 | 453 | 144 | |
Martinique | 28 | 34 | +6 | |
Mayotte | 159 | |||
Montpellier | 273 | 279 | +6 | 80 |
Nancy | 282 | 273 | -9 | 20 |
Nantes | 168 | 171 | +3 | 89 |
Nice | 243 | 247 | +4 | 27 |
Normandie | 285 | 285 | 127 | |
Orléans-Tours | 269 | 269 | 68 | |
Paris | 207 | 217 | +10 | 37 |
Polynésie | 15 | 15 | 4 | |
Poitiers | 135 | 135 | 55 | |
Reims | 150 | 150 | 44 | |
Rennes | 110 | 127 | 73 | |
Réunion | 129 | 129 | 18 | |
Strasbourg | 147 | 180 | +33 | 60 |
Toulouse | 276 | 279 | +3 | 110 |
Versailles | 1285 | 707 | -578 |
Lorsque le nombre d’admis est supérieur au nombres de postes ouverts au concours, c’est qu’ils ont été pris sur les concours internes.