Dès mars 2024, des élèves de seconde pourront participer à un séjour de cohésion du SNU sur temps scolaire a indiqué Sarah El Haïry secrétaire d’État à la jeunesse et au Service National Universel.
Les enseignants en charge d’une classe de seconde pourront organiser un séjour de cohésion dans le cadre d’un projet pédagogique, c’est l’annonce faite jeudi par la secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au SNU dans un entretien accordé au Figaro. Le séjour de cohésion devra être en lien avec l’un des quatre thèmes portés par le SNU : sport, environnement, défense et mémoire et résilience et prévention des risques. « L’enseignant volontaire répondra à un appel à projet qui sera transmis à tous les lycées. Si son projet entre dans le cadre de notre appel, la totalité du séjour sera financée » explique-t-on au cabinet de la Ministre. Sur temps scolaire, tous les élèves sont concernés mais tous ne seront pas obligés, « un peu comme un voyage scolaire » a précisé Sarah EL Haïry.
Un enseignant rémunéré grâce au Pacte mais qui ne participera pas forcément au séjour
Les enseignants volontaires seront rémunérés grâce à une brique du Pacte mais « ne seront pas obligés d’assister au séjour » nous indique-t-on. « Si un enseignant ne peut pas partir pour x raison, ce n’est pas un problème. Les jeunes sont totalement pris en charge par l’encadrement du SNU ». Dans l’interview accordée au Figaro, la Ministre évoque un référent SNU par établissement et une « aide financière dans les lycées engagés ». Questionné, le cabinet de la Ministre complète « ce référent sera, logiquement, l’enseignant qui a monté le projet. Il y en aura un par établissement impliqué dans un séjour de cohésion, pas dans la totalité des lycées ». Sur l’aide financière allouée aux établissements, « le montant ne sera pas assez important pour se dire que ce sera la motivation première des lycées qui voudraient obtenir le label « Classe et Lycée engagé »».
Il y a quelques semaines, Sarah EL Haïry évoquait un séjour de cohésion, généralisé, lors duquel des élèves d’un même territoire se retrouveraient dans des centres différents avec des élèves venant d’autres horizons dans un objectif de mixité. L’ambition est revue à la baisse dans le séjour de cohésion sur temps scolaire. « Ils passeront leur séjour au même endroit que le reste de leur classe, mais ils seront mélangés dans les maisonnées avec d’autres jeunes qu’ils ne connaissent pas » a-t-elle indiqué. « J’aimerais que tous les territoires soient impliqués et que les établissements publics comme privés participent ».
Un séjour de cohésion pour rendre le SNU plus populaire
La secrétaire d’État qui reconnaît « une vraie fracture sociale » compte sur l’intégration du SNU sur temps scolaire pour permettre de « rendre le dispositif plus populaire et plus accessible. Un projet de classe permettra de convaincre des jeunes et des familles qui n’auraient pas sauté le pas autrement ». « Avec un séjour organisé par des professeurs, sur le temps scolaire, on va pouvoir embarquer des enfants et des parents qui ne seraient certainement pas venus à nous. Le fait que ce soit dans le lycée, ça peut rassurer » complète le cabinet. Autre évolution de cette nouvelle formule, l’ouverture à tous les élèves, de nationalité française ou pas.
Par ailleurs, la Ministre souhaiterait que les élèves ayant participer à un séjour de cohésion puissent « en cochant une case SNU, obtenir des points bonus intégrés dans le calcul algorithmique de Parcoursup ». Une carotte ? «Non », répond le cabinet ministériel. « Tout engagement doit être valorisé. Un jeune qui s’engage, ça doit être valorisé ».
L’ultra gauche en opposition au SNU ?
La Ministre, qui affirme que les opposants au SNU sont de « l’ultra gauche », estime que le SNU, c’est laisser aux jeunes citoyens le choix « de se rendre utiles à la communauté ». « Notre objectif est de créer de l’engouement, pas de la coercition » a-t-elle ajouté en faisant référence au projet de service obligatoire d’un an porté par LFI et le candidat Mélenchon.
La FIDL, fédération indépendante et démocratique lycéenne, a immédiatement réagit à l’accusation d’une opposition de l’ultra gauche, le syndicat lycéen « dénonce fermement les mots utilisés par la secrétaire d’État à l’égard des organisations s’opposant au SNU. Madame El Hairy considère que ces dernières sont “d’ultra gauche” dès lors qu’elles ne sont pas sur la ligne du gouvernement. Nous sommes tombés à un niveau de démocratie extrêmement bas chez la Macronie puisqu’elle ne permet ni de voter à l’Assemblée nationale, ni d’exprimer notre opinion et nos revendications ».
« Très régulièrement, nous demandons une augmentation des moyens alloués à l’Éducation nationale, notamment en termes d’heures de cours et de professeurs, le gouvernement fait l’inverse même et ne va qu’empirer une situation déjà extrêmement critique » ajoute le syndicat. « Les lycéens et lycéennes de seconde vont donc perdre environ cinquante heures de cours au profit de douze jours dans des camps militaires ». « Encore une fois, madame El Hairy déroule son discours réactionnaire en parlant d’un danger pour l’unité s’il n’y a pas le SNU. Encore une fois nous affirmons le contraire, il y a une cohésion en France et nous ne sommes pas à l’après-guerre : nous n’avons pas besoin de refaire Nation » conclut la FIDL.
Interrogé sur une estimation du nombre de classes de seconde qui pourraient être intéressées par le séjour de cohésion sur temps scolaire, le cabinet indique ne pas avoir de chiffre pour l’instant.
Lilia Ben Hamouda