« La prospective géographique ce n’est pas facile pour des élèves de 6ème ». Professeur d’histoire-géographie au collège de Tinchebray (Orne), Julien Ravenel a trouvé un moyen pour faire entrer ces jeunes collégiens dans la complexité. Il passe par un jeu de son invention dont il partage les éléments.
Entrer dans la complexité en 6ème
« C’est multifactoriel et il y a beaucoup de points à traiter« , nous dit Julien Ravenel. On ne saura sans doute jamais pourquoi un thème comme « la ville du futur » a été mis au programme des 6èmes. Julien Ravenel, qui a une formation de géographe et qui a travaillé dans l’aménagement territorial avant de choisir l’enseignement, sait que ces questions sont complexes même pour les élus municipaux.
En jouant en famille avec le jeu commercial « Happy City », il lui est apparu qu’il pourrait aborder cette question de géographie prospective en passant par le jeu. Il partage avec ses collègues la règle et toutes les cartes qu’il a dessinées.
Dans ce jeu, les élèves sont invités à construire une ville du futur qui doit à la fois se développer et être durable. Ils disposent de cartes qui permettent de faire croitre la population et de réaliser des équipements.
Les apports du jeu
Qu’apporte le jeu ? « J’ai le sentiment que le jeu leur permet d’entrer dans la complexité du sujet« , nous dit J Ravenel. « Ils ne se rendent pas compte qu’ils travaillent un sujet très compliqué où se mêlent les thèmes des transports, des choix énergétiques, du logement, de l’agriculture de proximité. Ils comprennent qu’ils doivent prendre en compte tous ces enjeux pour gagner« .
Les erreurs des élèves sont d’ailleurs révélatrices. « Certains jouent pour gagner le maximum d’argent. Mais cela se fait au détriment du développement écologique de leur ville. Ils perdent car la mécanique du jeu fait gagner à la fois ceux qui ont beaucoup d’habitants dans leur ville et ceux qui ont gagné des points écologiques. Il faut trouver l’équilibre entre ces deux conditions« .
Le jeu est lancé après le chapitre sur les villes où J Ravenel compare une métropole du Nord et une du Sud pour faire ressortir les problèmes de transport et logement. Après une explication des règles, les élèves sont lancés une heure dans le jeu.
Une carte mentale
Pour le passage à l’institutionnalisation, Julien Ravenel fait classer les cartes par les élèves pour mettre au clair les thèmes de la ville du futur. Puis il construit avec les élèves une carte mentale de la ville. « C’est une façon rapide de faire un bilan et de structurer les grands thèmes« , nous dit-il. « C’est aussi une représentation propre à chaque classe« .
« Je suis content de voir qu’ils entrent dans la complexité avec beaucoup d’émulation. Et voir le plaisir des élèves c’est un bonheur pour un professeur ! »
Propos recueillis par François Jarraud
Un autre jeu de Julien Ravenel