Plus de la moitié des écoles et des établissements devront réaliser 40% d’économie d’énergie d’ici 2030. Un objectif bien ambitieux qui met en difficulté bon nombre de collectivités. Pour y faire face, la Banque des territoires a lancé EduRénov le 8 mai dernier. Le programme mobilise 50 millions de crédit d’ingénierie pour les accompagner et 2 milliards d’euros pour financer ces rénovations via des prêts de la Banque des dépôts. Nicolas Turcat , directeur du programme EduRénov à la direction des prêts de la Banque des territoires, répond au questions du Café pédagogique.
Qu’est-ce que le programme EduRénov ?
Le programme EduRénov est un programme d’actions rassemblant un certain nombre de moyens mis en place par la Banque des territoires. L’objectif stratégique de ce programme est de massifier la rénovation énergétique en accompagnant la rénovation de 10 000 écoles, collèges et lycées d’ici 2027. Accompagner et financer, selon les besoins.
Chaque projet est différent. Les besoins sont très différents en fonction des territoires. Par exemple, sur certains territoires ce seront des besoins de rénovation thermique très forts, dans d’autres, ce seront des besoins en termes de rénovation des ventilations…. L’objectif est donc de concilier le besoin de massification, de rénover énergétiquement les établissements et en même temps de tenir compte des réalités territoriales et de leurs besoins spécifiques.
Pour relever ce défi, on met en place – au niveau national – un « club EduRénov » appuyé une ressourcerie pour pouvoir travailler sur des sujets de fond et valoriser l’existant. On installe aussi cette logique de valorisation sur les territoires afin d’insuffler la volonté de se lancer, de se rendre compte que finalement ce n’est pas si compliqué que cela. L’idée est d’embarquer l’ensemble de la communauté éducative dans les projets de rénovation. On ambitionne le financement de 10 000 projets d’ici 2027.
Pourquoi un tel programme ?
Notre pays a des objectifs qui engagent l’ensemble des collectivités territoriales à réaliser 40% d’économie d’énergie depuis 2030, c’est le décret tertiaire. Cela concerne les surfaces de plus de 1000 m2, un grand nombre d’établissement y est donc soumis. Il s’agit aussi d’embarquer tout le monde, toute la société. Au 21ème siècle, le bâti scolaire doit aussi être sobre avec une cours de récréation qui se reconnecte à la nature.
La crise énergétique de l’an dernier a mis un coup d’accélérateur sur le sujet et a obligé les collectivité à repenser leur facture énergique. Une sorte de prise de conscience collective. Cette crise en a été un accélérateur. Mais le Plan de relance et le Covid ont aussi contribué à cette prise de conscience.
Pour quel budget ?
À la Banque des territoires, nous mobiliserons 50 millions pour accompagner les collectivités. Si certaines grandes villes ont des capacités d’ingénierie propre permettant cet accompagnement, ce n’est pas le cas des petites collectivités. Plus de la moitié des écoles et établissements sont répartis sur des territoires ruraux dont les services techniques se limitent à l’entretien, l’enjeu est donc de taille. On donne donc les moyens aux plus petites collectivités de s’emparer de ce sujet et si besoin, on financera leurs projets à travers des prêts – à hauteur de 2 milliards d’euros.
Combien de territoires et d’établissements engagés dans EduRénov ?
Tous les territoires sont concernés. Les territoires ruraux, politique de la ville, d’Outre-Mer… dès que le projet est porté par une collectivité, un regroupement de collectivités ou un organisme de mutualisation comme les syndicats mixtes. Pour l’instant, on va capitaliser sur nos réseaux et nos partenaires locaux pour trouver les 10 000 établissements mais aussi sur le sourcing de l’État. Nous sommes par exemple partenaires du Fond Vert, qui abonde des subventions dans le cadre des rénovations énergétiques d’écoles, mais on travaillera avec toutes les bonnes volontés pour identifier les terrains et les projets les plus exemplaires, efficaces et reproductibles.
On mobilisera aussi des outils numériques, tels que PrionReno qui permet de suivre l’état de la consommation énergique au niveau de l’établissement.
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda