Caroline Baas, professeure d’histoire-géographie au lycée Monod d’Enghien-les-Bains, enseigne l’histoire et la géographie en allemand en section Abibac depuis 17 ans. Caroline est également présidente de l’association Réseau Abibac depuis 2 ans. Dans un entretien pour le Café pédagogique, elle parle de son enseignement en Abibac et des projets binationaux, au cœur de son engagement.
L’Abibac est un rouage scolaire d’excellence du franco-allemand scolaire
Le dispositif Abibac repose sur les professeurs d’allemand et des professeurs de Discipline Non Linguistique (DNL), histoire-géographie. Les élèves ont 10h supplémentaire d’enseignement par semaine. Caroline rappelle le caractère exigeant de cette filière qui vise un niveau d’excellence permettant d’obtenir le baccalauréat et son équivalent allemand l’Abitur : « je suis convaincue qu’il faut maintenir la diversité de parcours dans l’Education nationale et qu’il faut des parcours d’excellence qui puissent s’ouvrir à des élèves de milieux sociaux diversifiés ». Conjuguer excellence et démocratisation représente le double défi pour Caroline, qui a le souci de maintenir l’excellence, « de guider vers l’exigence et de faire réussir le plus d’élèves possible ». Cette volonté d’ouverture, notamment sociale se traduit par un accueil d’un maximum d’élèves – avec jusqu’à 35 élèves par classe- dans les classes Abibac.
L’Abibac : pédagogie de projet et mobilité
L’enseignement, la scolarité en Abibac repose sur une pédagogie de projet, « ADN du franco-allemand » et une nécessité de mobilité. Les élèves de Caroline Baas partent en immersion chez un élève correspondant dès la Seconde, à l’aide de programmes scolaire de mobilité franco-allemande réciproque de l’OFAJ (Office Franco-Allemand pour la Jeunesse) comme le programme Brigitte Sauzay ou le programme Voltaire pour une durée de 6 semaines à 6 mois. Motiver le plus d’élèves à partir est un défi et une nécessité pour l’acquisition de plus de fluidité linguistique mais aussi de compétences interculturelles, une expérience qui les amène à devoir s’adapter à l’autre culture. L’Abibac crée un « déclic de la mobilité » dans les parcours des élèves, puisque de nombreux anciens élèves étudient et travaillent ensuite en Allemagne, précise Caroline.
Pour Caroline, enseigner en Abibac se caractérise par une dynamique de projets et de mobilité, « un bon élève d’Abibac, c’est d’abord un élève motivé, qu’on a réussi à motiver ».
Le Réseau Abibac
Caroline Baas est également présidente du Réseau Abibac. Ce réseau soutenu par le Ministère de l’Education Nationale, l’OFAJ, l’ambassade de France en Allemagne, existe depuis plus de 5 ans. Né au moment de la réforme du lycée, et de la volonté d’enseignants de se fédérer, il a réaffirmé l’importance d’un dispositif bilingue et d’un double baccalauréat, Esabac, Bachibac ou Abibac.
« Le Réseau Abibac communique sur les atouts de l’allemand, organise des conférences, des cycles d’information sur la formation franco-allemande à destination de tous les élèves germanistes, pas exclusivement les élèves en Abibac. » Le réseau travaille en amont autant que possible, il organise par exemple des mini-stages d’immersion en cours d’allemand ou de DNL (Discipline Non Linguistique, histoire-géographie) pour des collégiens à partir de la 4eme. En aval, le réseau travaille avec l’Université Franco-allemande et participe au Forum franco-allemand à Strasbourg en novembre, chaque année.
Le réseau Abibac a lancé un appel à projet fléché dans le cadre des 60 ans du Traité de l’Elysée (1963-2023) pour rassembler 60 élèves d’Abibac français et allemands. Les élèves devaient proposer des actions à l’aide de supports créatifs sur des sujets comme la mobilité ou l’environnement ou encore la coopération transfrontalière. Le réseau avait déjà lancé des concours comme « Raconte ton abibac » puis « chante ton Abibac » subventionnés par le ministère pour une meilleure compréhension et connaissance de l’Abibac.
« Faire du franco-allemand, de manière collective, correspond à l’ADN et à l’héritage de germanistes » résume Caroline en soulignant le rôle fondamental de cet enseignement et de cette approche dans la construction d’une citoyenneté européenne.
Djehanne Gani