Bachibac, les enseignants d’espagnol connaissent sans doute. Mais pas certain que cette filière qui prépare un double bac, français et espagnol, soit connue de la majorité des professeurs. « Dans notre lycée, nous avons à cœur de démocratiser cette filière » explique Sébastien Sihr, proviseur adjoint de la cité scolaire Montchapet de Dijon où cette filière est proposée. « Les enseignants d’espagnol font un travail remarquable auprès des collèges avoisinants mais aussi auprès de ceux situés dans la Côte d’Or des « marges », à 50/60 kilomètres. Ca a un effet tremplin pour des élèves qui n’auraient pas pris l’initiative de déposer un dossier. Et lorsque nous étudions les candidatures, nous avons toujours à l’esprit la nécessité de mixité ». C’est Yorick Gueneau professeur d’espagnol du lycée qui répond aux questions du Café pédagogique.
Votre lycée prépare au Bachibac. Mais qu’est-ce donc ?
Bachibac est un diplôme validé par le ministère de l’Éducation Nationale et la Consejeria de educación, son homologue espagnol. Il s’agit donc d’un diplôme reconnu dans les deux pays et dont les programmes sont créés en concertation. En fin de Terminale, les élèves passent une épreuve d’Histoire en espagnol et, en ce qui concerne ma matière, des épreuves écrites et orales basées sur la connaissance de la littérature espagnole – textes inconnus et textes étudiés en cours. Il s’agit pour les élèves d’un projet exigeant mais motivant qui leur permet de prendre de bonnes habitudes de travail. La poursuite d’études, en lien direct ou non avec l’espagnol, en est généralement facilitée.
Qu’est-ce que cela implique pour vous ?
En tant qu’enseignant, cela signifie avoir des élèves que l’on connaît bien, puisque nous les voyons quatre heures par semaine de la seconde à la Terminale. Nous les suivons donc dès leur arrivée au lycée et jusqu’à leur départ. La continuité est très forte dans la Section, car bien que la notion de classe se soit effacée à la suite de la réforme du baccalauréat, nos élèves restent ensemble pendant tout le cursus lycéen. De plus, nous travaillons en collaboration très étroite avec mes collègues, monsieur Aillaud en DNL – Discipline non linguistique, en l’occurrence l’histoire, et Mme Moreau qui est enseignante d’espagnol aussi. Par exemple, lorsque les élèves ont une évaluation d’Histoire ou de Géographie en espagnol, à l’image de l’épreuve finale, nous procédons à une double correction. Mon collègue corrige l’aspect non linguistique et je m’occupe d’évaluer et de corriger la maîtrise de la langue. Lorsque l’un de nous est porteur d’un projet, les autres l’accompagnent naturellement. J’ai par exemple passé beaucoup de temps avec les élèves de première Bachibac bien que je ne sois pas leur enseignant d’espagnol cette année à l’occasion des divers projets initiés par mes collègues.
Vous avez organisé avec vos collègues la venue de musiciens argentins. De quoi s’agit-il?
Mme Moreau a organisé pour cette classe un échange avec les élèves de la section Bachibac du lycée de Pintor Antonio López de Trescantos (Madrid) ainsi qu’un séjour à Paris afin d’assister à un spectacle de Tango. Ces sorties sont fortement facilitées par la collaboration entre les trois professeurs, mais aussi par la direction et l’administration du lycée qui nous font confiance et nous facilitent l’organisation. Pour les classe de Seconde, nous avons organisé une rencontre avec des musiciens argentins, le duo Turica-Doncel, qui étaient de passage à Dijon.
Pour ce projet, si un élément est important, c’est la connaissance du milieu culturel et associatif en lien avec l’Espagne et l’Amérique Latine. Dans notre cas, c’est monsieur Aillaud qui a sollicité l’association qui organisait la venue du groupe à Dijon pour un concert, afin d’organiser une rencontre. C’est donc grâce à cet investissement extra-professionnel que ce projet a été facilité. Je me suis contenté de travailler les textes des chansons et d’effleurer quelques aspects culturels. Mais cette découverte a juste préparé le moment d’échange avec les musiciens qui ont parlé tant de la musique folklorique que de la culture argentine. Pédagogiquement, au-delà de l’aspect linguistique, c’est ici la diversité de la culture hispanophone que nous avons cherché à effleurer. Nous avons la chance d’enseigner une langue parlée à travers le monde qui embrasse des histoires culturelles multiples. Nous avons aussi la chance d’avoir des élèves curieux qui sont ouverts à la diversité du monde hispanique. Aussi, nous n’hésitons pas à leur proposer régulièrement des sorties culturelles pour lesquelles les élèves sont nombreux et motivés.
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda