Les élèves du lycée Jules Ferry à Conflans St Honorine dans les Yvelines ont été victimes de violences policières alors qu’ils organisaient le blocus de leur établissement le 6 avril dernier. Une situation qu’a tenté de minimiser la préfecture dans un communiqué de presse expliquant le contexte de l’intervention de la police, mais oubliant d’évoquer LBD et tirs de gaz lacrymogènes à répétition…
Alors que des vidéos montrant des scènes de violence – tirs de gaz lacrymogènes à bout portant, élèves mis en joue avec des LBD par les forces de l’ordre, arrestation violente d’un lycéen…- tournent sur les réseaux sociaux, la préfecture des Yvelines tente une justification. Le 6 avril, six policiers ainsi que des agents municipaux se sont rendus au lycée Jules Ferry de Conflans St Honorine à la suite d’un appel du proviseur pour mettre fin au blocus de l’établissement selon le communiqué de presse de la préfecture qui évoque « la présence de jeunes non scolarisés dans cet établissement ». Ce serait lors d’une intervention des sapeurs-pompiers que la situation aurait dégénéré. Les policiers auraient été « encerclés » et auraient fait « l’objet de jets de projectiles ». « Les fonctionnaires ne font pas usage de leur lanceur de balles de défense et de leur lanceur de grenades lacrymogènes. Ils ont toutefois contrôlé un groupe de jeunes d’où semblait provenir les projectiles. Un individu masqué ayant tenté de se soustraire au contrôlé a été rattrapé par les policiers. Ce dernier, peu coopératif, se débattait, ce qui a contraint plusieurs policiers à le maitriser au sol pour parvenir à le menotter. Durant cette interpellation, les autres policiers restés en sécurisation ont dû faire usage d’une projection de gaz lacrymogène à main pour maintenir les jeunes hostiles à distance ».
« Un usage disproportionné de la force, indigne et inacceptable » pour le SNES-FSU
Malgré les affirmations de la préfecture, les images semblent montrer une scène de violence loin de répondre au schéma de maintien de l’ordre. On y voit un jeune lycéen plaqué au sol avec brutalité par trois agents de police, un usage massif de gaz lacrymogènes et des forces de l’ordre pointant leurs lanceurs LBD sur des jeunes paniqués. Dans le communiqué de presse, aucune mention n’est d’ailleurs faite des lanceurs LBD et l’utilisation de gaz lacrymogène est largement minimisée. De nombreux syndicats et responsables politiques ont réagi.
Le SNES-FSU explique avoir « découvert avec colère et effroi les images d’élèves violentés par des forces de l’ordre devant le lycée Jules Ferry, à Conflans St Honorine, dans les Yvelines. En lien avec sa section académique, départementale et locale, le SNES-FSU a eu la confirmation d’un épisode d’une violence inouïe exercée sur les élèves. Le jeudi 6 avril, des élèves ont reçus des gaz lacrymogènes à bout portant, un lycéen a été violemment plaqué au sol, menotté et emmené au commissariat, puis pour éloigner les élèves du lieu d’interpellation, les forces de l’ordre présentes ont tourné leur LBD vers la tête des élèves… ». Le syndicat « dénonce cet usage disproportionné de la force, indigne et inacceptable ». « Que devient notre démocratie quand une de ses libertés fondamentales, celle de manifester librement et en sécurité, est ainsi piétinée ? Quelle est cette société où la jeunesse qui se mobilise pour son avenir est vue comme un ennemi à faire taire par tous les moyens y compris les plus violents ? » interroge-t-il. Le SNES FSU exige « que la lumière soit faite dans les plus brefs délais sur la chaîne de commandement et de responsabilités au sein des forces de l’ordre qui a conduit à de tels agissements ».
Même colère du côté de la FIDL, syndicat de lycéens, qui « exprime sa pleine solidarité vis-à-vis des lycéens et lycéennes de Jules Ferry encore une fois réprimée par la milice de Gérald Darmanin ». « Vous réprimez des mineurs et nous nous souviendrons de vos méthodes » menace le syndicat.
Les syndicats de lycéens appellent d’ores et déjà à bloquer les établissements jeudi 13 et vendredi 14 avril.
Lilia Ben Hamouda