Des milliers, voire des millions de manifestants sont attendus aujourd’hui. Une journée phare pour les organisations syndicales qui ont appelé via l’intersyndicale à « descendre massivement dans la rue » à la suite de la rencontre avec la Première ministre Élisabeth Borne. Les enseignants, bien « que très en colère » selon Sophie Vénétitay devraient être peu nombreux à être en grève aujourd’hui.
Peu de personnes, du côté de syndicats et du gouvernement, croyaient en la rencontre entre la Première ministre Élisabeth Borne et l’intersyndicale mercredi matin. « Cette rencontre est un échec » a confié Cyrile Chabanier de la CFTC – Confédération française des travailleurs chrétiens à l’issue du rendez-vous qui aura duré moins d’une heure, 57 minutes exactement. « Le temps de faire un tour de table », ajoute-t-il. Tour de table lors duquel les organisations syndicales ont rappelé qu’elles étaient là pour parler réforme des retraites, un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour de la Première ministre.
« On vit une grave crise démocratique » a lancé Laurent Berger sur le perron de Matignon. « On avait une crise sociale qui se transforme en crise démocratique mais personne n’est surpris (…) L’opinion s’est accentuée depuis janvier, le nombre de travailleurs mobilisé est toujours aussi important et aussi déterminé ». « La sagesse en démocratie est d’écouter la démocratie sociale et de se remettre autour de la table » fustige le secrétaire générale de la CFDT. « Cette proposition nous l’avons faite encore aujourd’hui, la réponse est on se met autour de la table mais on continue comme si de rien était autour des retraites. La réponse est non ».
« Nous avons face à nous un gouvernement radicalisé, obtus et déconnecté » a taclé la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. « La première ministre a choisi de nous renvoyer dans la rue, elle gouverne contre le pays ». La responsable syndicale estime que cette fin de non-recevoir est « une gifle » aux millions de français dans la rue, « qui sont en grève, qui sont opposé à la retraite à 64 ans, à l’allongement de la durée des cotisations et à la fin des régimes spéciaux ».
Baisse de la mobilisation enseignantes
L’intersyndicale a appelé à «être nombreux et nombreuses dans la rue dès demain ». Du côté enseignants, ils ne devraient pas l’être – nombreux – pour cette onzième journée de mobilisation. Peu se sont déclarés grévistes. 20% dans le premier degré selon le SNUipp-FSU. Dans le second degré, les chiffres ne tomberont que le matin, mais il n’y a aura pas de forte mobilisation. « Ce n’est pas qu’on aurait compris que cette réforme ne nous ferait pas de mal comme l’affirme notre ministre mais beaucoup de collègues commencent à s’inquiéter des retraits de salaire qui peuvent tomber d’un coup » reconnait Sophie Vénétitay du Snes-FSU. « Je ne sais pas si c’est un agent double au gouvernement, s’il cherche à attiser la mobilisation, si c’est le cas c’est réussi » s’amuse la secrétaire générale du syndicat qui commente les déclarations de Pap Ndiaye sur les professeurs qui « n’ont pas été le fer de lance de la mobilisation » et pour qui « la réforme ne change pas radicalement les choses ». « Je connais des collègues qui ont imprimé ces citations et les ont affiché en salle des profs pour montrer le degré de mépris et de provocation des dernières déclarations du Ministre ». Malgré un faible taux de gréviste, « « la colère n’en est pas pour autant retombée » assure la responsable syndicale qui décrit une institution « déconnectée du terrain et des enseignants » et qui prévient que « cette colère pas forcément traduite par la grève reste très forte ».
Frédéric Marchand abonde. « La colère est très forte. Notre baromètre, qui sortira dans les prochains jours, nous montre bien qu’il y a un malaise profond dans la profession ». Pour le secrétaire générale de l’UNSA éducation, « la Première ministre et le Président portent une lourde responsabilité de ne pas entendre l’ampleur du rejet de cette réforme et la fracture que cela crée dans la société ».
Dans l’attente de la réunion de l’intersyndicale de jeudi soir et d’une possible journée de mobilisation, L’intersyndicale « appelle à la sagesse du Conseil constitutionnel » qui rendra sa décision dans moins de 10 jours.
Lilia Ben Hamouda