Dans la classe de toute petite section de l’école Jean le Bail, l’enseignante, l’ATSEM et les parents n’en reviennent toujours pas d’avoir gagné le premier prix du jeu concours Le livre dans tous ses états.
Un autre regard sur le quartier
Alice, après avoir échangé avec son ATSEM Fatma Baahmed, décide d’utiliser les marottes à l’effigie des parents et des élèves. « Cet objet créé en début d’année pour travailler sur la séparation nous a semblé un bon support pour raconter une histoire qui se déroulerait dans le quartier». Après avoir observé le quartier, pris des photos, étudié le trajet domicile/école, les parents et les enfants ont appris à porter un autre regard sur leur environnement proche, découvert l’existence d’espaces verts mais l’ont aussi trouvé laid et ne voyaient pas l’intérêt d’en faire un livre. L’envie de sublimer le quartier s’est alors imposée pour en faire un quartier rêvé pour les enfants. « Au début, les mamans -car dans les ateliers parents on a qu’un seul papa- ont été très timides, elles avaient l’impression de ne pas savoir faire. Laisser place à la créativité, se faire plaisir est quelque chose de compliqué pour ces familles », explique Alice. Mais très vite l’émulation et l’entreaide ont pris le dessus : choix de tissus, d’accessoires, prise de photos, mise en forme du livre… « Je ne m’attendais pas à ce qu’elles y passent autant de temps, manifestent autant d’intérêt et de plaisir à créer cet objet commun avec leur enfant». Mais pour Alice ce qui compte le plus, c’est que ce projet sur le long terme a permis de changer le regard des familles sur l’école et sur elles-mêmes. « Ce genre d’initiative met en valeur les cultures des familles, leurs diversités et leurs richesses. Des leviers essentiels pour permettre à l’enfant d’entrer dans les apprentissages». Elle espère que cette expérience permettra de valoriser les sept dispositifs spécifiques de moins de trois ans en Haute Vienne au sein desquels le travail de lien avec les familles est central. Dans ce quartier du Val de l’Aurence, souvent mouvementé voire difficile, où la vie n’est pas toujours simple, ce projet commun a apporté un apaisement et fait du bien aux enfants comme aux parents. Alors, gagner le concours est apparu comme la cerise sur le gâteau car « jamais les familles n’auraient imaginé que le travail réalisé avec leurs enfants puissent retenir l’attention d’un jury parisien ».
Lili Jeanne