Alors que le ministre Pap Ndiaye évoquait des « conditions normales » de passation des épreuves de spécialité, quelques 82 000 élèves de Terminale STMG – plus de 50% des candidats au bac technologique – ont dû arrêter de composer à la suite de la fuite du sujet de neuf pages de Droit et économie.
« Les sujets auraient fuité ce matin sur les réseaux sociaux » nous explique-t-on au ministère. « On a découvert la fuite à 14h grâce aux témoignages d’élèves dans deux centres ».
Sitôt l’information reçue, le ministère a contacté les chefs d’établissements des centres d’examens. « Nous avons reçu un message indiquant que l’épreuve était suspendue, qu’il fallait gardait les élèves en salle et attendre de nouvelles consignes » raconte Bruno Bobkiewicz, Secrétaire général SNPDEN et proviseur du lycée Berlioz à Vincennes. « La difficulté était surtout de savoir ce qu’il allait se passer. En vingt ans de carrière, je n’avais jamais eu ce type de message ». Dans son lycée, les élèves avaient commencé à composer depuis près d’une demi-heure quand l’épreuve a été suspendue. « On a demandé aux élèves de poser leurs crayons et d’attendre ». Une attente qui aura duré entre 15 et 30 minutes.
Une épreuve qui s’est terminée après 19h
« Lorsque nous avons su qu’un nouveau sujet allait être donné, nous avons réuni les élèves, leur avons permis de descendre souffler un peu et leur avons distribué de l’eau » ajoute le proviseur.
De nouveaux sujets sont parvenus sur un espace sécurisé, les chefs d’établissements et leurs équipes les ont ensuite imprimés et distribués aux élèves qui ont pu commencer à composer dès 15 heures selon le ministère. À 15h20 pour le lycée Berlioz. L’épreuve devant durer quatre heures, les lycéens ont terminé de composer après 19 heures.
« Nous avons demandé que soient distribués de l’eau et des collations » indique-t-on rue de Grenelle.
Pour les élèves bénéficiant d’un aménagement de temps, sept questions ont été retirées, « sinon cela faisait trop long » nous indique le ministère. En effet, les élèves bénéficiant de cet aménagement ont normalement un tiers temps, ce qui signifie qu’au lieu de composer quatre heures, ils composent 5h20. À Mayotte, le choix a été fait de reporter l’épreuve. « Comme il y a des problèmes de sécurité lorsqu’il est tard, les élèves composeront à une date ultérieure » explique le secrétaire général du SNPDEN-UNSA.
« On n’a pas eu besoin des vilains syndicalistes pour que cela se passe mal » s’amuse Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. Plus sérieusement, le syndicat s’inquiète de possibles disparités dans l’application de la consigne pour les tiers temps. « Dans certains centres d’examens, il semblerait que la consigne de retirer sept questions aient été données à tous les candidats et non seulement à ceux bénéficiant d’un tiers temps. Cela crée une rupture d’égalité de traitement ».
Le SNPDEN-UNSA relativise l’événement. « Ça a été un gros moment de stress pour tout le monde, les personnels de directions, les surveillants de salle et bien évidemment pour les élèves. Il y avait une décision difficile à prendre pour le ministère : composer avec le sujet de secours dans la foulée ou reporter à une date ultérieure. La première option a été privilégiée ».
Au ministère, on assure que la source n’est pas encore connue mais qu’une enquête interne est d’ores et déjà diligentée.
Lilia Ben Hamouda