« On est plus concentrés », me disent les élèves ». Professeur d’histoire-géographie au lycée Berthelot de Châtellerault (86), Jordi Colomer utilise la réalité virtuelle dans ces deux disciplines. Il présente ses pratiques de classe et montre les avantages et les limites de la réalité virtuelle.
Le virtuel pour rendre le cours plus complet
« C’est venu d’une découverte faite par hasard d’une vidéo intéressante que j’ai voulu utiliser en classe ». C’était en 2018. Depuis Jordi Colomer a acquis plusieurs casques de réalité virtuelle pour les proposer à ses élèves.
La réalité virtuelle est une technologie qui permet l’immersion dans un environnement plus ou moins reconstitué avec des interactions. Jordi Colomer l’utilise aussi bien en histoire qu’en géographie. « Je trouvais mon enseignement en géographie pas assez concret. J’ai vu des outils pour immerger les élèves dans des lieux. Je me suis mis à créer mes propres ressources à partir de photos en 360° dans des lieux intéressants ou à partir de logiciels permettant de se promener. Par exemple, Jordi Colomer a créé une séquence sur la métropolisation à travers une promenade dans les rues de Bordeaux avec une application qui permet de constater les évolutions du paysage urbain. Cette visite immersive est complétée par un dossier documentaire classique. En histoire, il s’appuie davantage sur des ressources disponibles comme des jeux. « Le paradoxe c’est que la réalité virtuelle rend le cours plus concret », nous dit-il.
« Je n’ai pas changé ma façon de travailler »
Pour autant Jordi Colomer ne généralise pas son usage. « Il faut penser à la cybercinetose, une sorte de mal lié à l’utilisation de la réalité virtuelle. Il est donc impossible de demander tous les élèves de l’utiliser ». En fait, la réalité virtuelle est adaptée à sa pratique pédagogique qui repose sur des ateliers et de la classe inversée. « Sur un thème je propose une activité de réalité virtuelle qui sera suivie par un ou deux groupes d’élèves. A la fin ils restituent à la classe leur travail ». Jamais les élèves ne sont obligés de l’utiliser. Jordi Colomer ne dispose d’ailleurs pas de matériel pour tous les élèves mais seulement de deux casques et deux téléphones portables. « La réalité virtuelle n’est pas une révolution pédagogique. C’est ma pédagogie qui m’a permis de l’utiliser », nous dit-il. « Je n’ai pas changé ma façon de travailler. Je me suis donné une possibilité de plus ».
Jordi Colomer s’inscrit en faux contre le fantasme du Metaverse éducatif. Il promeut une utilisation frugale, plus intéressante. « L’impact n’est pas évident. Mais les retours des élèves sont bons. Ils prennent du plaisir et s’engagent dans les activités. « On est plus concentrés », me disent les élèves ». La réalité virtuelle ne change pas la classe. Mais elle donne sa place à l’émotion. Une dimension intéressante.
François Jarraud