Cécile Bochard Oczkowski est professeure de physique-chimie au lycée de Trévoux depuis 2003 dans l’académie de Lyon. Elle a en charge les élèves de TSTI2D depuis 4 ans et de 1STI2D depuis 2 ans. Au sein de son établissement, elle s’engage dans l’acquisition des connaissances et des compétences nécessaires à la réussite de ses élèves très consciente du profil « particulier » de ceux-ci, des jeunes en besoin d’un accompagnement personnalisé et en nécessité de relier la théorie au concret. Son regard d’enseignante d’une discipline « non technologique » enrichit le dossier consacré à cette voie.
Pour vous quel est l’intérêt principal de la voie technologique ?
La voie technologique permet aux lycéen et lycéennes qui la choisissent de se spécialiser selon leur domaine de prédilection, à travers des cours à la fois théoriques mais aussi pratiques, ce qui en fait sa spécificité.
Une heure hebdomadaire d’ETLV (enseignement technologique) dispensée en langue vivante se rajoute à l’emploi du temps, ce qui permet de renforcer l’interdisciplinarité.
Qu’est-ce que la STI2D ?
Pour répondre à cette question, j’ai choisi de m’appuyer sur la présentation de l’ONISEP que je trouvais en total accord avec la réalité du terrain. La série STI2D (Sciences et Technologies de l’Industrie et du Développement Durable) est faite pour les lycéens qui s’intéressent à l’innovation technologique et à la transition énergétique et qui sont sensibles à une approche concrète de l’enseignement – des sciences notamment ! Conception de nouveaux produits, besoin de manipulations…
La série STI2D permet d’acquérir des compétences technologiques étendues, transversales à tous les domaines industriels, ainsi que des compétences approfondies dans un champ de spécialité puisque les enseignements reposent sur des connaissances dans les domaines de l’énergie, de l’information et de la matière. Les élèves ont des activités pratiques d’expérimentation, de simulation et d’analyse de produits. Travaillant sur des projets, ils sont incités à collaborer entre eux, à développer leur sens de l’initiative et des responsabilités, à trouver des solutions pour les problèmes rencontrés. Les disciplines prennent appui sur des situations concrètes.
Quel profil d’élèves accueillez-vous dans cette formation ?
Les élèves qui choisissent la voie STI2D rencontrent souvent des difficultés qui pourraient être un frein ou une source de stress en voie générale. Leur capacité à se mettre au travail – à la maison surtout- peut parfois être restreinte : ils n’ont pas la réputation d’être de grands bosseurs ou de grandes bosseuses. Les élèves accueillis dans cette formation sont de plus en plus nombreux mais attention. Le choix de la STI2D ne doit pas être fait par défaut ou parce que le profil pour aller en voie générale est trop juste. La série STI2D est exigeante et n’est donc pas plus facile que la voie générale !
Cette formation permet à certains élèves d’avoir accès à des classes préparatoires ou à des écoles d’ingénieurs réputées (par exemple, l’INSA) qui leur paraissaient inaccessibles en fin de seconde. L’ouverture vers l’alternance après le bac est aussi très présente, c’est important pour des élèves qui sont parfois un peu en rupture avec le système « classique » et qui ont besoin de concret pour avancer.
En termes de poursuites d’études que deviennent vos élèves ?
La majeure partie élèves se dirigent vers des BTS ou des BUT, en privilégiant de plus en plus l’alternance. Quelques-uns vont en classes préparatoires ou intègrent des écoles d’ingénieurs.
Les BTS demandés sont majoritairement :
- Bâtiments et Travaux Publics (finitions et aménagement des bâtiments, métiers du géomètre – topographe et de la modélisation numérique…)
- Industrie, mécanique et maintenance (contrôle industriel et régularisation automatique, électrotechnique…)
- Environnement,
- Energie et électronique (fluides, énergies et domotique…)
Les BUT demandés sont majoritairement :
- Mesures physiques,
- Génie électrique et informatique industriel,
- Métiers de la transition et de l’efficacité énergétique,
- Génie industriel et maintenance,
- Génie mécanique et productique,
- Conception et réalisation de systèmes automatiques
Les filières sont courtes mais laissent des perspectives de poursuites d’études plus longues pour ceux qui le souhaitent. Les points faibles des élèves de STI2D résident surtout dans la maîtrise et l’utilisation des mathématiques et dans la prise de conscience du temps de travail à fournir – mais est-ce spécifique aux élèves de la voie technologique ? Leurs points forts sont clairement leur grande autonomie face à la mise en œuvre d’un protocole ou à l’utilisation des machines. Leur prise d’initiatives spontanées pour résoudre les problèmes rencontrés est aussi très appréciée.
Enfin, en tant qu’enseignante œuvrant quotidiennement auprès des élèves de cette filière, quel serait votre souhait ?
Il faudrait vraiment revoir les effectifs de classes : 18 élèves max ! La plupart des élèves de STI2D ont besoin d’être accompagnés, rassurés et aidés dans le travail à fournir. Les grands effectifs ne sont donc pas compatibles avec ces besoins.
Propos recueillis par Aurélie Badard