« Pour moi, aucun souci ». Laurent Bastien enseigne l’histoire géographie au collège Rep+ Anne Frank à Saint Dizier (Haute Marne). Ses élèves ont écrit le « cahier » de Colette Rozen, une adolescente de leur ville déportée en 1944.
Ecrire le cahier d’ne enfant déportée
A l’origine du projet, un voyage d’étude à Yad Vashem, à Jérusalem, sur l’enseignement de la Shoah. Laurent Bastien en revient avec l’idée d’un travail sur la communauté juive de Saint Dizier. « Je me suis rendu compte que presque toute la communauté a disparu suite aux déportations« .
Pour intéresser les élèves, il s’attache au sort de Colette Rozen, une jeune fille de 12 ans déportée en 1944. Après la déportation de ses parents en 1942, elle a vécu deux années cachée dans la ville.
Les élèves ont travaillé avec Christelle Jacobé, leur professeure documentaliste, pour retrouver des sources documentaires et rédiger le « cahier » de Colette Rozen à la manière de celui d’Anne Frank. « Je leur demande de retracer son parcours jusqu’à Auschwitz. Les élèves vont sur les documents , recherchent des renseignements sur la famille de C Rozen et son parcours« . La rencontre avec la sœur de C Rozen, qui a survécu, a alimenté aussi les travaux des élèves. « Elle a relu le cahier et l’a approuvé« , nous dit L Bastien. « Les élèves ont été étonnés de retrouver tant de documents et d’informations sur les convois. Ils ont travaillé sur des sources comme des historiens« .
Travailler l’histoire locale
« J’ai appris à Yad Vashem qu’il faut veiller à ne pas traumatiser les élèves« , ajoute L Bastien. « On s’est rendu compte, avec C Jacobé, que les élèves ressentaient de l’empathie pour C Rozen. C’est important. Mais ils n’ont pas été traumatisés« .
« On peut faire le programme à travers l’histoire locale« , estime L Bastien. Il y voit une forte source de motivation pour les élèves. « Une élève m’a dit : « je ne savais pas que Saint Dizier à une histoire« . Elle s’est rendu compte que des choses se sont passées dans sa ville. « C’est une belle entrée dans l’histoire !« .
Pour Laurent Bastien, c’est le principal enseignement de sa séquence. « L’histoire locale intéresse les élèves plus que je ne l’aurais imaginé. L’usage de la tablette a aussi été un vecteur de motivation. Les élèves sont restés longtemps à travailler avec elle. Je ne m’y attendais pas« . Quant à l’enseignement de la Shoah, ce n’est pas un problème dans ce collège Rep+. « Personne ne m’a dit que cela n’avait pas existé. Ils avaient tous les documents. Pour moi, aucun souci« .
François Jarraud
L Bastien et l’archéologie au collège