En visite au collège parisien Méliès, le Ministre a signé sa labélisation « égalité filles-garçons ». L’occasion pour lui de revenir sur cette labélisation initiée le 10 mars 2022 et qui concerne aujourd’hui 550 établissements aux niveaux 1 et 2 (à l’échelon académique) et 22 élèves au niveau 3 (à l’échelon 3). Pap Ndiaye a aussi reconnu les difficultés que rencontrait l’Éducation nationale dans la mise en œuvre des trois heures de cours d’éducation à la sexualité, levier incontournable de lutte contre les stéréotypes et d’éducation à l’égalité.
Jeudi 9 mars, le collège REP Méliès dans le 19ème arrondissement parisien a reçu la labélisation « égalité filles-garçons », devenant ainsi le 551ème établissement labelisé. Une labélisation signée par le ministre de l’Éducation nationale en personne.
Pour l’occasion, Pap Ndiaye s’est vu présenté les divers projets dans lesquels l’établissement est engagé depuis plusieurs mois pour faire vivre l’égalité filles-garçons et lutter contre les stéréotypes. L’enseignante référente égalité filles-garçons, Roxane Rouliere, ainsi que six élèves ont ainsi pu évoquer leur réflexion autour du réaménagement de la cour de récréation, le partenariat du collège avec l’association femmes et sciences et le centre Hubertine Auclert, les cours d’éducation à la sexualité…
Une labélisation qui consacre un travail déjà bien engagé
Beaucoup des actions de sensibilisation menées au sein de ce collège sont en partenariat avec le tissu associatif et culturel local, « le fait d’appartenir à une cité éducative a sensiblement améliorer la possibilité de travailler avec les partenaires du territoire. C’est un cadre approprié pour ce type d’engagement » a souligné le ministre. Interrogé par le Café pédagogique sur la difficulté pour les établissement ruraux à trouver des relais de proximité, Pap Ndiaye a reconnu que pour ces derniers, l’éloignement rendait les choses plus difficiles. Pour autant, « lorsque l’on regarde les critères pour obtenir la labélisation, on voit qu’il est possible de faire des choses à l’échelle de l’établissement pour une meilleure communication fille-garçon, pour une éducation à la sexualité, pour travailler sur des cours de récréation non-genrées… » a-t-il tempéré.
Dans le cas du collège Méliès, la labélisation est venue « consacrer » une réflexion bien avancée sur la question de l’égalité et la lutte contre les stéréotypes, « comme pour beaucoup d’autres établissements labélisés, La labélisation vient confirmer et encourager un mouvement déjà initié avant 2022 » nous a expliqué le Ministre. « Certains établissements partent de plus loin. Nous avons la volonté de les voir s’engager, la labélisation devrait insuffler des dynamiques de concertation sur la question ».
L’éducation à la sexualité, mission impossible ?
Sur la question des heures de cours d’éducation à la sexualité, Pap Ndiaye reconnaît des difficultés à leur mise en œuvre. « Je trouve paradoxal d’être assigné par trois associations pour le non-respect des trois heures de cours d’éducation à la sexualité alors que l’on se mobilise, alors que la loi est votée depuis juillet 2001 », a-t-il commenté, « les associations, comme le Planning Familial, sont financées pour intervenir dans les établissements. Sur le fond, on se mobilise et ce depuis longtemps ».
Pour le Ministre, les enseignantes et enseignants manquent de formation. « Nous avons à faire un énorme effort pour nos personnels de l’Éducation national. En ce sens, le 1er décembre, j’ai inauguré le premier séminaire de formation national. Il y en a aussi dans les académies. Nous avons mis à disposition des professeurs des ressources pédagogiques sur le site Eduscol. En fin d’année, on refera le point pour voir si on a avancé. En fonction de cela, on passera à la vitesse supérieure car il faut absolument agir sur cette question. Ce n’est pas juste le fait de ne pas respecter la loi, l’éducation à la sexualité, on le sait, diminue le niveau de violences sexistes et sexuelles. C’est un enjeu de santé publique ».
Néanmoins, « l’éducation à la sexualité est un sujet sensible » a reconnu Pap Ndiaye. On se souvient des ABCD de l’égalité, initiés par Najat Vallaud-Belkacem alors ministre des Droits des femmes qui avaient déclenché une vaste polémique. « Mais les choses avancent. Les groupes d’extrême droite, qui peuvent être actifs sur cette question, ne représentent pas la majorité des familles qui reconnaissent l’importance de l’éducation à la sexualité. C’est aussi une demande des lycéennes et des lycéens. C’est une question majeure pour les élèves, il faut donc être à la hauteur » a conclu le Ministre.
Lilia Ben Hamouda