C’est la semaine des mathématiques. Du lundi 6 mars 2023 au mercredi 15 mars 2023, nous fêtons les mathématiques : de la réflexion, du jeu, de la créativité, de la culture, de la joie, simplement, partagée entre petit(e)s et grand(e)s. Voici ma première journée de la semaine des maths 2023.
7h45, un élève arrive dans ma classe : « madame, mon père il a fini le calculateur en binaire ! » M. m’amène fièrement un calculateur fiché dans un morceau de bois. Nous l’essayons et c’est magnifique : un système de loquets mobiles permet de gérer les retenues. Demain je pourrai montrer cette merveille à mes élèves du club programmation débranchée ! Il semble même que je puisse le garder, et là j’entame ma semaine éblouie.
8h-10h, les cours commencent, avec du coenseignement : notre binôme monsieur Mohamed-madame Lommé entre en action. Mon collègue utilise un matériel mis en place au premier trimestre et travaillé en continu sur ses heures quinzaines, pour amener les élèves à savoir résoudre des équations en leur donnant du sens. Son dispositif m’a permis de renouveler mes pratiques à moi : je ne le déploie pas exactement de la même façon, mais je l’ai adapté selon mes gestes professionnels. Et nos discussions pluri-hebdomadaires sont un vrai carburant. D’ailleurs ce midi nous pourrons continuer d’échanger et de débattre, et mon collègue repartira avec un jeu que j’ai acquis récemment et qu’il a envie d’essayer.
11h, c’est la préparation à la Course aux nombres. Les élèves composent sur la course de l’année dernière, dans le temps imparti. Ensuite, je répartis les questions entre les élèves, qui, par groupes, explicitent ces questions. Objectif : créer une affiche qui explique comment faire, quelles méthodes suivre, quels obstacles surmonter, sur quels points de cours s’appuyer. J’espère que cet ultime entraînement avec la première manche de la Course aux nombres permettra à mes élèves de la réussir à la hauteur de leurs espérances à chacun(e). En tout cas, elles et ils ont bien travaillé. Et lire leurs remédiations est intéressant et enrichissant pour moi : parfois ils ou elles passent à côté des difficultés cognitives réelles, alors qu’ils s’étaient trompés. Donc on approfondit.
12h10, c’est la pause. Vite vite vite je déjeune, car à 12h30 les élèves du club inter-Rubik débarquent pour de nouveaux chronométrages. La semaine dernière les temps s’échelonnaient entre 11min40s et 4min09s pour 10 élèves qui résolvent 25 cubes, avec une moyenne de 7min30s environ. Aujourd’hui, la moyenne est de 5min25s, on progresse ! Mais sommes-nous au niveau pour le championnat ? Suspense…
13h40, on y retourne. Les élèves de quatrième vont commencer par attaquer un problème : j’ai un segment de 7cm et deux dés à 6 faces. Quelle est la probabilité que je puisse construire un triangle dont les dimensions des côtés sont 7cm et les deux résultats des dés, en cm ? L’inégalité triangulaire est réactivée, les probabilités aussi. Avec le deuxième groupe, tous les élèves trouvent un triangle constructible, alors que cet événement n’est probable qu’à moins de 60%… Mais les élèves ne se laissent pas abuser : « non, madame, c’est le hasard, ça ne veut pas dire que c’est tout le temps possible ! En plus on l’a appris, il faut que la somme des deux dés ça fasse plus de 7 ». Mieux encore « L’année dernière vous nous avez montré une bande dessinée d’Astérix et 7 c’est le nombre le plus probable si on additionne deux dés ». C’est mon deuxième cadeau de la journée : les élèves se souviennent de ce que je leur enseigne d’une année sur l’autre…
Pour finir, puisque nous sommes en avance, les quatrièmes planchent sur le multipliox d’Olivier Longuet pendant 5 à 10 minutes. Chacune et chacun dispose d’un carré constitué de petits carrés colorés, et les élèves doivent obtenir des carrés formés de quatre carrés de même couleur. Facile pour le vert, franchement difficile pour le jaune… Mais plusieurs élèves valident trois couleurs sur quatre, bravo !
16h, dernier cours. Un peu de géométrie, pour terminer la journée de classe. A partir d’une amorce, il s’agit de réaliser de belles figures de l’IREM Paris Nord, véritable mine d’or didactique, pour apprendre les relations entre éléments géométriques : la figure est définie par des intersections, et il faut déconstruire mentalement la figure pour obtenir ce qu’on veut représenter de façon correcte. Les élèves sont amenés à réfléchir de façon très intéressante, car ils doivent quitter leurs réflexes d’immédiateté et développer des stratégies, chercher à voir l’invisible aux yeux, mais visible pour le cerveau. Les auteurs de ces exercices ont choisi des outils numériques de GéoGebra bien précis, pour être sûrs que les objectifs pédagogiques soient clairement définis et que l’enseignant sache exactement ce qu’il met en jeu. Un trésor.
Voilà. Encore une rencontre avec une famille pour faire le point et parler de l’avenir, et je rentre chez moi. En attendant une autre journée aussi riche et dense, demain, dès que j’aurai corrigé un petit paquet de copies et construit une activité dont j’ai eu l’idée aujourd’hui, repos !
Claire Lommé