Le 24 février 2022 ne marque pas seulement l’entrée dans l’histoire du premier jour de la guerre en Ukraine envahie par des troupes russes. Ce jeudi noir qui ébranle le monde constitue un tournant dans la représentation de la guerre. Pour la première fois, des images d’amateurs, civils ou militaires, captées par des engins individuels et postées le plus souvent en temps réel sur les réseaux sociaux, sans être nécessairement sourcées, nous livrent un déferlement quotidien de visions fragmentées du conflit. Une profusion inédite par rapport aux images disponibles lors des guerres récentes précédentes, et cette démultiplication générée par les réseaux sociaux implique la naissance d’une nouvelle forme de guerre de l’information.
Un changement important qui bouleverse notre perception du conflit présent et, sans aucun doute, imprègne notre imaginaire et notre capacité à anticiper d’autres conflits à venir. Sans se limiter à ces mutations manifestes, l’installation « Regarder la guerre et faire la paix » offre à des artistes et des chercheurs la possibilité de nous exposer leurs propositions pour aiguiser notre regard critique sur les représentations de la guerre et interroger ainsi notre conception, rarement représentée, de la paix.
A travers des registres esthétiques différents, vidéastes, photographes et autres praticiens ‘hors-pistes’ de l’image et du son nous ouvrent les yeux et nous obligent avec intelligence et sensibilité à questionner la guerre (en Ukraine et ailleurs), la violence collective et ses métamorphoses protéiformes (le terrorisme en particulier). Une installation inventive, pleine de surprises virtuelles, fictionnelles ou éphémères, aptes à questionner aussi le poids des médias traditionnels dans notre ‘fascination’ pour la guerre et notre difficulté à imaginer la paix. S.B.
Installation dans le cadre du Festival ‘Hors-Pistes’ au centre Pompidou jusqu’au 26 février, lien ici