En septembre dernier, plus de 800 000 collégiens scolarisés dans des établissements publics et privés sous contrat ont passé les évaluations standardisées de sixième. Il s’agit selon la DEPP « d’établir une photographie des connaissances et compétences des élèves en français et en mathématiques à l’entrée au collège, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau de chaque académie ». Une note de la DEPP présente les résultats et montre de façon accablante la corrélation entre le profil social de l’établissement et la proportion d’élèves appartenant aux catégories « élèves de faible niveau ». Alors que le ministre a fait de la mixité et de la réduction des inégalités ses priorités, ce constat montre qu’il a de quoi faire.
« Au niveau national, en français, les performances des élèves à la rentrée 2022 restent supérieures à celles observées à la rentrée 2017, lors de la première évaluation de début de sixième » introduit la note. « En 2022, la part des élèves dans les bas niveaux est inférieure de 4,7 points à celle de 2017. À l’inverse, on trouve plus d’élèves dans les hauts niveaux en 2022 qu’en 2017 (+ 4,7 points) ». Pour autant, le nombre d’élèves de bas niveaux est en augmentation entre 2021 et 2022, passant de 22,4 % en 2021 à 27,1 % en 2022 et la part de ceux dans les hauts niveaux baisse, passant de 36,7 % à 33,8 %. En mathématiques, la part du nombre d’élèves de bas niveau a augmenté, passant de 20,8 à 32,5%. Parallèlement, « la proportion d’élèves dans les hauts niveaux a connu une hausse plus importante, passant de 28,2 % à 31,4 % (+ 3,2 points) ».
Éducation prioritaires : plus d’élèves en difficulté
L’information la plus importante, et qui est loin d’être une nouveauté, c’est que le niveau diffère selon le profil social de l’établissement. Les élèves des établissements situés en REP et REP+ sont beaucoup plus nombreux dans les groupes 1 et 2 (élèves de bas niveau) que leurs camarades hors éducation prioritaire. Leur part est supérieure de « 15,8 points en français et de 19,4 points en mathématique ». Les difficultés sont « particulièrement marquées » pour les élèves scolarisés en REP+ dont la part dans les groupes 1 et 2 en français est de 53,7% et 63,2%. « Soit 27,7 points de plus que ceux scolarisés dans le secteur public hors EP en français, et 32,4 points de plus en mathématiques ».
Selon les caractéristiques sociales de l’établissement, les disparités de maîtrises sont très marquées. « En français, 45,7 % des élèves des collèges les moins favorisés appartiennent aux groupes de bas niveaux contre seulement 13,3 % parmi ceux des collèges les plus favorisés ». Et pour les « mathématiques, 54,2 % des élèves des collèges les moins favorisés appartiennent aux groupes de bas niveaux contre seulement 17,3 % parmi ceux des collèges ».
Pour les élèves ayant un niveau satisfaisant en français, la proportion scolarisée hors éducation prioritaire est supérieure de 14% à celle en REP et REP+ et « elle varie de 13 points en « Grammaire » à 16,1 points en « Lexique » ». Ces écarts atteignent en moyenne 22 points lorsque l’on compare les élèves hors éducation prioritaire et ceux de REP+. « De 17,3 points en « Orthographe » à 26,3 points en « Lexique » ». Dans les établissements avec un IPS élevé, « la proportion d’élèves atteignant un score satisfaisant s’élèves ainsi à 67,9 % en « Lexique », alors qu’elle est de 32 % dans les collèges accueillant les élèves les moins favorisés socialement ».
En mathématiques, les écarts varient de 16,1 points en « Résolution de problèmes » à 18,5 points pour le domaine « Grandeurs et mesures » entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux hors éducation prioritaire. « Ces écarts sont plus élevés si l’on compare les élèves du secteur public hors EP avec ceux de REP+. Ils varient de 24,9 points en « résolution de problèmes » à 29,7 points pour les « Automatismes » » précise la note. Dans les collèges les plus favorisés socialement, la proportion d’élèves atteignant un score satisfaisant en « Grandeurs et mesures » est de plus du double de celle des élèves scolarisés dans les établissements les moins favorisés.
Plus d’élèves des « hauts niveaux » dans le privé
Alors que l’écart se creuse entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et les autres. Le fossé s’agrandit d’autant plus avec les élèves scolarisés dans les établissements d’enseignement privé sous contrat. En français, « c’est parmi les élèves accueillis dans le secteur privé que la proportion d’élèves dans les hauts niveaux a le plus augmenté (+ 5,8 points) » note la Depp. En mathématiques, l’augmentation est de + 4,2 points. La Depp précise que les élèves entrant dans le secteur privé présentent les « niveaux de maîtrise les plus élevés dans tous les domaines ».
Le constat est tout aussi accablant en fluence, « les élèves entrant dans le secteur privé sont 66,3 % à atteindre le seuil de 120 mots. Dans le secteur public hors EP, ils sont 55,3 % dans ce cas. En REP+, 39,6 % des élèves atteignent ce seuil de 120 mots, mais 30 % des élèves ne parviennent pas à lire 90 mots par minute ».
Lilia Ben Hamouda