Comment faire comprendre au ministère que l’année de terminale est devenue une course absurde depuis la réforme Blanquer ? Le 25 janvier, la conférence des associations de spécialistes, réunissant les différentes disciplines du lycée, organise une course autour du ministère. Les professeurs courent autour des murs de la rue de Grenelle comme ils courent après les programmes. Ils dénoncent des programmes infaisables et aussi une atteinte à l’égalité des chances. « On est face à un mur », dit justement Solène Pichardie, présidente de l’Apses. Le ministère s’obstine…
Environ deux cents enseignants, représentant les associations professionnelles d’enseignants (APSES, APPEP, APLV, UdPPC, UPBM, APBG, APLettres, APSMS, APHG, CNARELA), ont défilé autour du ministère de l’éducation nationale le 25 janvier. Avec le soutien de syndicats (Snes, Snalc, FO, Cgt, Sud) ils demandent le report des épreuves de spécialité au mois de juin. Le ministère les a fixées au mois de mars et il n’en démord pas.
« Le ministère nous dit que c’est important que les notes de spécialités soient disponibles pour Parcoursup », explique Solenn Pichardie, co-présidente de l’Apses.C’est un faux argument car les enseignants du supérieur se rendent compte que ces notes n’ont pas grand sens. Ce sont des notes d’élèves pas prêts à entrer dans le supérieur. L’an dernier on a d’ailleurs dû les remonter fortement ».
Pour l’Apses, le calendrier de l’année de terminale, avec cette épreuve avancée en mars, oblige à courir toute l’année pour couvrir le programme. Cela se fait au détriment de la méthodologie et par suite aux dépens des élèves qui ont besoin d’aide, qui sont souvent les élèves de milieu populaire. « Il y a une vraie question d’égalité des chances », dit S Pichardie.
Pour l’Udppc, Marie Thérèse Lehoucq, nous confirme que « le calendrier est intenable » face à des programmes « très denses ». « On se retrouve à fonctionner comme en prépa. On avance dans le programme et on ne revient jamais en arrière. Avec ce fonctionnement on nous demande en fait de faire un tri des élèves. Cette injonction de tri est très difficile pour nous ».
Marie Perret, présidente de l’APPEP, une association de professeurs de philosophie, vit mal le fait que l’épreuve de philosophie du tronc commun soit la seule fixée au mois de juin. « On a isolé la philosophie », confie-t-elle. L’APPEP craint que les élèves soient absents après les épreuves de spécialité de mars. « On a vu cela l’an dernier quand la date des épreuves de spécialité était en mai. Après mai la moitié des élèves a disparu ». Quand à la spécialité HLP, à laquelle participe la philosophie, elle rencontre les mêmes difficultés que les autres disciplines, notamment le manque de temps pour préparer les élèves sur le plan méthodologique. « On ne peut plus aider les élèves les plus fragiles ».
La question du calendrier des épreuves de spécialité est posée à Pap Ndiaye depuis son arrivée rue de Grenelle. Le 22 septembre il a choisi de les avancer au mois de mars. Ainsi il se situait dans l’orthodoxie par rapport à la réforme imaginée par JM Blanquer, même si celui-ci n’a jamais réussi à la mettre réellement en place. Depuis, Pap Ndiaye a donné de plus en plus de gages aux partisans des idées de JM Blanquer. Face à ces choix, les associations d’enseignants ne désarment pas. Ce sont elles, et les lycéens, qui vivent les dégâts occasionnés par la réforme. Cette année encore, la réforme Blanquer ne passe pas.
François Jarraud