Quand ce n’est pas au Sénat, c’est à l’assemblée que l’on discute de ce qui semblerait être la solution à tous les maux de l’école selon les LR et le RN : l’uniforme. Jeudi 12 janvier, la question a monopolisé les débats de l’Assemblée nationale pendant près de deux heures.
Roger Chudeau, député du Rassemblement National et rapporter du texte, l’a présenté comme « une proposition de loi qui contribuera à sa modeste mesure à redresser la barre du navire sans cap, sans pilote, sans boussole qu’est devenu notre système éducatif ». Alors que les circulaires prescriptives de « bonnes pratiques pédagogiques » pleuvent sur les enseignants, il semble que la solution à toutes les difficultés de l’école : échec scolaire, pénurie d’enseignants, aggravement des inégalités sociales, ségrégation scolaire… tiendrait dans un uniforme qui permettrait de susciter « l’appartenance à l’établissement », lutterait contre la « marchandisation de notre société » et combattrait l’islamisation croissante des établissements français ( et pour appuyer son propos, l’élu n’hésite pas à citer le livre Les Territoires perdus de la République, censé donner une caution scientifique à son propos…). Un uniforme dont coupe, couleur et aspect seraient décidés lors du conseil d’établissement ou d’école.
Quant au financement, le RN a pensé à tout : ce seront les familles qui règleront la note. Et si elles ne peuvent pas, « il existe des fonds sociaux » qui semblent sans fond selon le rapporteur. Et pour le premier degré, il existe bien des assistantes sociales…
Pour tenter de récupérer les voix du parti présidentiel, l’élu n’a pas hésité à faire référence à la dernière sortie de la Première dame qui affirmait être pour le port de l’uniforme dans une interview parue dans le Parisien.
Pendant les deux heures de débats, la droite et l’extrême droite ont fait l’apologie d’une école dont ils semblent être nostalgiques alors même que le port de l’uniforme n’a jamais été obligatoire dans l’histoire de l’école Française – comme le leur a rappelé l’élue Agnès Carel, du groupe Horizons et apparentés. « Seule la blouse fut obligatoire, davantage pour préserver des tâches d’encre que pour obtenir une uniformité vestimentaire dans les classes. Entre temps, l’arrivée des pointes Bic avait rendu le port de ces blouses inutiles… » a ironisé l’élue.
Cette fois-ci encore, la loi n’a pas été adoptée malgré les votes communs du RN et de LR. Marotte de la droite et de l’extrême droite, voulue par certains marconistes – même si le ministre de l’Éducation nationale s’y est fermement opposé récemment, gageons que l’obligation du port de l’uniforme est sorti par la petite porte pour mieux revenir par la grande…
Lilia Ben Hamouda