La réforme du lycée aura-t-elle une fin ? Arrachée au ministère sous la pression des associations de spécialistes, mais aussi des milieux économiques, la 20ème modification (sans tenir compte de celles liées à la crise sanitaire) apportée au lycée général a été présentée au Conseil supérieur de l’éducation le 15 décembre. Le Café pédagogique s’est procuré le projet d’arrêté ministériel. Mais au projet ministériel, le CSE a préféré un autre projet porté par la FSU et le Se-Unsa.
Le texte ministériel rejeté
Le 15 décembre, le ministère a présenté au CSE un projet d’arrêté prévoyant le retour des maths obligatoires dans le tronc commun à partir de la rentrée 2023, pour 1 h 30 et seulement pour les lycéens n’ayant pas pris l’enseignement de spécialité maths. Le projet d’arrêté prévoit que, à compter de la session 2025 du bac général, la note de l’enseignement scientifique compte pour 40% sur l’enseignement de maths spécifiques et pour 60% sur l’enseignement commun d’enseignement scientifique.
Ce projet d’arrêté a été fortement rejeté par le CSE qui a d’autres ambitions pour les maths, les enseignants et les élèves. Le texte a obtenu 1 voix pour, 13 contre et 48 abstentions (notamment Fsu, Unsa et Fcpe).
Le texte adopté par le CSE
C’est que le CSE s’est reconnu dans un autre texte, porté par la Fsu et le Se Unsa. Il demande 3 h 30 pour l’enseignement scientifique pour tous les élèves dont 1 h 30 pour les maths financées à hauteur de 2 h professeur. « Les enseignements du tronc commun doivent être les mêmes pour tous les élèves, c’est le sens même de la définition du tronc commun. Cet enseignement de mathématiques doit permettre d’aborder des notions qui donneront des outils citoyens et communs à toute une génération », explique l’amendement des deux syndicats. « Cette proposition permet aussi de dédoubler une partie de l’enseignement de mathématiques spécifique afin de mieux répondre à la nécessité de consolider les connaissances et les compétences des élèves dans le cadre de travaux en groupes réduits ». Cette idée de culture commune a plu au CSE. L’amendement Fsu – Se Unsa a reçu 42 voix pour 0 contre 18 abstentions. Rappelons que l’avis du CSE est consultatif. Le ministère va probablement garder son projet de texte. Pour autant, ce désaccord sur une question de fond, la culture commune, mérite d’être souligné.
Une réforme du lycée sans cesse à rafistoler
Le CSE s’est interrogé aussi sur les programmes et les moyens en lien avec cette énième modification de la réforme du lycée. Le ministère annonce 300 postes, ce qui semble insuffisant pour généraliser l’enseignement de maths. Pour Gwenaël Le Paih, secrétaire général adjoint du Snes Fsu, si le ministère n’a pas les moyens de l’enseignement de maths, les chefs d’établissement devront prendre sur leur marge et les options vont être fragilisées. Le Snpden Unsa, premier syndicat de personnels de direction, a alerté déjà sur les problèmes d’emploi du temps. Et là aussi cela fragilisera les options. On ne revient donc sur l’idée de reprendre la réforme Blanquer plutôt que multiplier les changements chaque année.
« Il y a aussi la question des programmes », estime G Le Paih. « Il faut articuler le programme du tronc commun avec celui de la spécialité. Coordonner aussi les programmes de seconde avec ceux de 3ème et de 1ère technologique ». Des points dont le ministère ne semble pas vouloir entendre parler. Mais qui signet aussi l’échec de la réforme du lycée.
François Jarraud