Enseignante de SVT au collège Julien Lambot de Trignac (44), Ségolène Paris-Lefel met en ligne un calendrier de l’avent destiné à ses élèves. Chaque jour, ils trouvent une expérience réalisable à la maison. Et le lendemain, la suite de l’expérience. Une façon de rendre les sciences familières.
Pourquoi ce calendrier de l’avent ?
J’ai eu envie de proposer un calendrier de l’avent avec des expériences scientifiques que mes élèves pourraient réaliser à la maison, avec du matériel très simple. Mon objectif était de donner envie, de susciter la curiosité de mes élèves, d’associer sciences et plaisir d’apprendre. En général, la première chose que mes élèves demandent en arrivant en cours de sciences, c’est « quand est-ce qu’on va faire des expériences avec des tubes et des produits ? ». Mais nous n’avons pas le temps de réaliser des TP autant qu’on l’aimerait si l’on veut traiter l’ensemble du programme et travailler aussi les autres compétences. Alors, j’ai pensé que ce calendrier me permettrait de répondre à cette attente de mes élèves.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’expériences ?
J’ai essayé de brasser plusieurs grands domaines des sciences, ma contrainte était surtout que le matériel nécessaire soit le plus accessible possible. Il y a des expériences sur la propagation du son qui permet de faire sauter des grains de riz sans les toucher, sur la densité de plusieurs liquides avec la réalisation d’un mélange à la façon d’un cocktail, sur l’héliotropisme avec des graines capables de contourner des obstacles lors de la germination, des relevés d’empreintes digitales, des changements de couleurs du jus de chou en fonction du pH, une simulation de tornade avec de l’eau enfermée dans 2 bouteilles d’eau reliées par leur goulot, un travail sur la perception du son grâce à la forme particulière du pavillon de l’oreille, la création d’un arc-en-ciel avec une torche et un miroir plongé dans l’eau, la visualisation de l’absorption d’eau par une branche de céleri, une illusion d’optique qui montre le rôle du cerveau dans le traitement de l’image…
Comment sont données ensuite les explications ?
Chaque jour, l’élève réalise une expérience sans forcément savoir quel sera le résultat. J’avais envie de laisser la surprise et aussi laisser place à la formulation d’hypothèses en lisant le protocole sans le résultat attendu. Le lendemain, avant la présentation de la nouvelle expérience, il y a une présentation du résultat attendu et l’explication de l’expérience de la veille. Cette explication est très simple, car ce calendrier est à destination de mes élèves de 6e et 5e, ayant parfois peu de connaissances scientifiques. Je dois essayer de rester accessible et de ne pas les perdre, tout en apportant des connaissances. C’est d’ailleurs cela qui m’a inspiré le nom de ce calendrier « calendrier de l’avancée de mes connaissances scientifiques » car je ne voulais pas de référence religieuse.
Quels sont les retours des élèves ?
J’ai mis des affiches dans le couloir des sciences et j’ai envoyé le lien à tous mes élèves par l’ENT en leur expliquant que je réservais une petite surprise à celles et ceux qui m’auront envoyé 5 photos montrant qu’ils ou elles ont réalisé au moins 5 expériences. Je voulais créer le déclic pour que mes élèves aillent voir la ressource, car dans mon établissement de REP, les élèves ne fournissent pas beaucoup de travail à la maison et ne font pas toujours preuve de curiosité naturelle, il me fallait les hameçonner ! Cette surprise, ce sera la validation au niveau confirmé, voire même expert de la compétence « s’engager dans un projet individuel ». Je prévois aussi un peu de chocolat !
Dès l’envoi du message, plusieurs élèves m’ont fait de bons retours « merci, je vais en faire ce week-end ! » ; « j’adore les expériences ! ». Vendredi, je recevais déjà les premières photos et vidéos de leurs réalisations. On voit sur les photos que les expériences ont été réalisées avec les familles de mes élèves. C’est quelque chose de précieux pour moi, car tisser le lien avec les familles est un enjeu important en éducation prioritaire. Cela améliore la co-éducation, mais c’est aussi un levier puissant pour engager nos élèves quand leurs parents s’intéressent à ce qui est fait en classe. Sans compter l’impact sur leur épanouissement, car cela leur a permis de passer du temps pour une activité en famille, ce qui n’est finalement pas très répandu. Je pense que j’aurai des retours positifs des parents lors d’une prochaine rencontre, comme ce fut le cas après la période de confinement où mes élèves avaient eu un escape game numérique à jouer en famille.
Propos recueillis par Julien Cabioch