« On ne voudrait pas revivre le début de la crise sanitaire », nous a dit Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, le premier syndicat de l’Éducation nationale. « Les personnels ne veulent pas revivre la désorganisation et la tension subies par les communautés éducatives lors des nombreux épisodes de la gestion de l’épidémie de Covid », écrit le Se-Unsa. Les premières annonces gouvernementales sur la gestion de la crise énergétique qui se profile pour janvier ravivent les mauvais souvenirs. À nouveau, voilà l’École devant la perspective de sa fermeture. À nouveau, le ministère fait cavalier seul…
Fermetures et cantines
Interrogé au Salon Educatech, Pap Ndiaye a confirmé les informations que le Café pédagogique donnait dès mercredi après midi. En cas de pénurie d’électricité, des écoles et des établissements scolaires seront privés d’énergie et fermés le matin. Les pointes de consommation vont de 8 à 13h et de 18h à 20h, et le gouvernement considère, un peu vite, que le système éducatif n’est concerné que le matin.
Une précision a été apportée par la circulaire de la première ministre adressée aux préfets : « une restauration adaptée à l’heure du déjeuner dans les écoles et établissements délestés demeure un objectif. » Reste à voir comment faire déjeuner des enfants dans un local froid , éventuellement sans moyens de cuisson.
Le retour des publics prioritaires
Pap Ndiaye a annoncé le retour des « publics prioritaires » mis en place lors du 1er confinement. « Des écoles situées à proximité de structures qui ne subiront pas les délestages pourront accueillir les enfants des personnels prioritaires selon un schéma qui a été expérimenté pendant la crise sanitaire », a-t-il dit. Il reste à organiser l’accueil d’enfants dans des structures qui seront déjà pleines et de trouver les enseignants pour les accueillir. Et aussi de donner un sens pédagogique à cela. Le ministre promet l’envoi de fiches dans les écoles et établissements « pour être prêts »…
Associer les syndicats
« On a un travail à mener. On va le faire avec les collectivités locales pour les transports scolaires, la restauration et le périscolaire sur le créneau 18-20h », a déclaré P Ndiaye. « On a du travail devant nous ».
C’est bien le sentiment des syndicats enseignants. « On est exclu du dialogue interministériel », déplore B Teste. « Ils gagneraient à nous associer, car toutes les questions n’ont pas été anticipées ». Il cite en exemple l’accueil des enfants des zones délestées dont les parents travaillent. Le Se Unsa et le Snalc soulignent aussi le manque de dialogue. Une réunion devrait avoir lieu avec le ministère, sur le même format que lors de la crise sanitaire, aujourd’hui.
L’École doit-elle être prioritaire ?
Pour Benoit Teste, il faut d’abord poser la question des priorités. « Quel doit être l’ordre des priorités ? Peut-être faut-il inclure les écoles », demande-t-il. « Si les écoles sont fermées alors que les remontées des stations de ski fonctionnent, ce ne sera pas admissible ».
Le Snalc estime « que l’École est une priorité qui ne se discute pas. Il demande que le schéma prévu par l’État permette le maintien de tous les cours ». À Matignon, on explique que cela voudrait dire maintenir actives les lignes électriques auxquelles sont raccordées les 60 000 écoles et établissements scolaires. Concrètement, cela rendrait impossibles les délestages nécessaires.
Du côté des enseignants, d’autres questions sont posées. Les coupures électriques vont-elles ramener la « continuité pédagogique » ? Les enseignants seront-ils d’astreinte alors que leurs enfants n’auront pas d’école ? Les cours devront ils être rattrapés ? La peur de la désorganisation et des abus connus au début de la covid réapparaissent. Les syndicats et la profession attendent des réponses claires, qui referment la porte aux injonctions de dernier moment, ce soir.
François Jarraud